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En vrac

Le jeudi 19 février 2004.

Le graphzine L’Échelle, dont nous avons suivi l’évolution mètre après mètre, avait promis une surprise pour son quatrième numéro. On la découvre en dépliant la chose : un dessin collectif présente la furieuse bataille d’une troisième couleur, le jaune, contre le rouge qui jusqu’à présent marquait la publication de sa suprématie. Ça explose dans tous les sens, jusqu’à couler au recto du zine où le jaune prend tranquillement position derrière le photomontage de façades graphées. L’issue du conflit est-elle incertaine ? Renseignements pris au QG de L’Échelle, il semble bien que le destin du rouge soit scellé. Quatrième numéro, donc, et quatrième mètre à ajouter aux précédents. Si ça continue — on le souhaite ! — celles et ceux qui auront eu la bonne idée d’accrocher L’Échelle aux murs, devront un jour ou l’autre songer à changer d’appart’.

Contact : Association L’Échelle, 45, rue Basfroi, 75011 Paris, www.echellechelle.net

Discrètement mais avec une constance remarquable, le réseau Sans-Titre continue depuis plusieurs années à remuer le terrain alternatif et libertaire. Qui sont-ils/elles ? « Des individu.e.s, groupes, associations, qui nous sommes connu.e.s lors de l’organisation de la caravane intercontinentale (des représentants de peuples du Sud, principalement indiens, qui dans le cadre de l’Action mondiale des peuples contre le “libre” échange et l’OMC, avaient sillonné l’Europe pour expliquer aux locaux les méfaits du capitalisme chez eux) et qui avons voulu rester en contact. Par la suite, d’autres se sont joint.e.s ». Le réseau se réunit environ tous les deux mois chez un collectif différent, discute de projets, présente ses luttes locales. Un bulletin, L’Expérience Sans-Titre, est l’émanation directe des réflexions portées par chaque réunion du collectif. Assez variable dans l’épaisseur et le contenu d’un numéro à l’autre, il reste toutefois d’une grande qualité, et décline à de nombreux points de vue les idées d’autogestion, de réappropriation de nos vies, de nos moyens et espaces d’existence, sans jamais omettre d’analyser les multiples mécanismes qui alimentent et verrouillent nos aliénations. Le dix-huitième numéro de L’Expérience Sans-Titre (le dernier en date, je crois) est on ne peut plus stimulant, malgré une mise en page un tantinet austère.

On peut se procurer la chose en contactant les nombreux squats et collectifs qui animent le réseau, par exemple : l’Espace autogéré des Tanneries, 17, boulevard de Chicago, 21000 Dijon (tanneries@free.fr), ou Les 400 couverts, 4 et 10, traverse des 400 Couverts, 38000 Grenoble.

Crash Disques a eu l’excellente idée de sortir une double-compilation des Thugs, qui exacerbera sans doute la nostalgie de celles et ceux ayant eu le plaisir de suivre le légendaire combo angevin dans son parcours, de 1983 à 1999. En revanche, et contrairement à certains imposteurs du mouvement punk, Les Thugs ne se reformeront pas. Road closed, titre sans équivoque, est en quelque sorte un rappel. Le rappel d’un son particulier, sinon unique, qu’avait su trouver le groupe, un genre de hardcore pop où les voix se placent à égalité avec les instruments, à un même niveau d’intensité, un genre de punk émotionnel qui trouve, à mon avis, sa plus belle expression dans le très aérien Wellcome to the club introduisant la compilation. Au final, 32 titres dont plusieurs enregistrés en concert marquent un bel hommage que Les Thugs méritaient largement. Seul regret : le livret, bien mince, n’offre aucun éclairage sur la vie du groupe ni sur les paroles, mais présente un texte assez terne (et en anglais) de Jonathan Poneman, co-fondateur de Sub-Pop (le label américain qui porta, avec Alternative Tentacles, la « carrière » américaine des Thugs). L’anecdote, si elle est rare dans la scène punk hexagonale, ne devrait pas supplanter le reste. Non ?

Les Thugs, Road closed (Crash Disques, distribution Pias-France), dans les bacs.