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La Bataille contre la casse des retraites continue

Le jeudi 22 mai 2003.

Comme nous devions le craindre les syndicats de collaboration ont trahis les travailleurs en jouant leur rôle de jaunes.



La journée du 13 mai a été historique : de un million à deux millions de manifestant(e)s partout en France, grève massive dans tout le secteur public mais aussi dans de nombreuses entreprises privées. La grève reconductible a démarré dans certaines entreprises ou villes. Au lendemain d’une journée de mobilisation pour la défense des retraites sans précédent depuis 1995, les grèves qui ont fortement touché le secteur public n’étaient pas totalement terminées. Plusieurs mouvements étaient reconduits, mercredi matin, ou en passe de l’être. Le gouvernement se trouvait, de ce fait, en position délicate, alors qu’une réunion était programmée, à partir de 18 heures, entre les ministres François Fillon et Jean-Paul Delevoye et les dirigeants des syndicats. Une partition bien orchestrée… Avant de lâcher, et le moins possible, il faut donner l’impression de beaucoup de fermeté.

Jeudi noir, le gouvernement a réussi la division syndicale

Le gouvernement est parvenu jeudi soir à un compromis avec la CFDT et la CFE-CGC sur la réforme des retraites, récusé aussitôt par la CGT, FO, la FSU et l’Unsa qui estiment que les exigences exprimées mardi n’ont pas été entendues et annoncent une manifestation nationale le 25 mai à Paris. Après l’échec de la discussion dans la nuit de mercredi à jeudi, une deuxième réunion convoquée au ministère du Travail par François Fillon a abouti en deux heures, consacrant l’éclatement du front syndical. L’entourage de Jean-Pierre Raffarin a aussitôt déclaré que le Premier ministre était « content » de voir le texte sur les retraites « amélioré, notamment sur les petites retraites ». François Fillon, sur France 2, a affirmé que le texte amendé était le « maximum que le gouvernement peut proposer », parlant d’un « accord pour sauver les retraites », cela sans « changer profondément la nature du texte » initial.

La CGT n’avait pas fait le déplacement. La réunion préparée dès les premières heures de la matinée par des contacts téléphoniques avait donné lieu à une rencontre préliminaire à Matignon avec les seules CFDT, CFE-CGC et CFTC. FO claquant d’emblée la porte en déplorant sa préparation « en catimini ». La CGT, FO, l’Unsa et la FSU ont estimé en soirée dans une déclaration commune que le gouvernement n’avait « pas entendu » la « force des exigences » exprimées lors de la « mobilisation » du 13 mai et réclamé l’ouverture de « véritables négociations sur d’autres bases ». Elles « apportent tout leur soutien aux multiples actions en cours dans les entreprises », « aux grèves et actions unitaires du 19 mai » (fonctionnaires), affirmant leur volonté de réussir le 25 mai « une très grande manifestation » nationale à Paris. Au sortir de la réunion au ministère, Jean-Paul Delevoye a estimé que l’on « a aujourd’hui franchi une étape très importante » après l’acceptation par « notamment la CFDT » d’un « compromis ». Comme nous devions le craindre les syndicats de collaboration ont trahis les travailleurs en jouant leur rôle de jaunes.

François Chérèque de la CFDT a parlé d’un « compromis acceptable » au vu des « avancées ». Le bureau national de la CFDT devait « se réunir » pour « décider de son attitude face à cette réforme et aux événements qui viendront maintenant ». Jean-Luc Cazettes de la CFE-CGC a exprimé son accord, appelant à ne plus se joindre aux mobilisations. En revanche, Jacques Voisin de la CFTC a dit sa « déception », malgré des « avancées » voire des « points très positifs ». Son bureau national va se réunir, notamment dans la perspective du 25 mai.

Côté patronat, Guillaume Sarkozy, vice-président du Medef, a considéré comme une « bonne chose » le « rapprochement de points de vue » entre gouvernement et « certaines centrales syndicales ». En toile de fond, des grèves ont persisté dans l’Éducation nationale et les transports, perturbant le trafic et relançant la polémique sur le service minimum garanti à la SNCF et à la RATP. Ernest-Antoine Seillière, président du Medef, a stigmatisé « le désordre social et la paralysie de l’activité économique » qui font planer le risque d’une « récession si ça dure ». Bien sûr, le patronat à peur d’une grève générale qui ferait perdre de l’argent aux actionnaires, mais qui reste le seul moyen de pression pour infléchir le gouvernement.

La situation dans les transports franciliens a encore connu de très fortes perturbations malgré des signes de détente : dix-huit assemblées générales, chez les agents de la RATP (métro et RER), ont voté la reprise du travail, et treize sa reconduction jusqu’à vendredi sous la menace de sanctions pour absence de préavis de grève. À la SNCF, la situation était encore perturbée sur la région banlieue de Paris-Nord, ainsi que dans certaines liaisons TER les régions de Clermont-Ferrand et de Rouen.

À la suite de cette division syndicale, le gouvernement va essayer de jouer le pourrissement des grèves et de la mobilisation. Travailleurs, ne soyez pas dupes, l’accord de la CFDT et de la CFE-CGC est un accord au rabais qui ne change pas le fond de la loi contre laquelle vous fûtes si nombreux à vous mobiliser le 13 mai. Rien n’est encore perdu, déposez des préavis de grève dans vos entreprises et administrations et faites du 25 mai un nouvel élan pour que, ensemble, nous puissions gagner la bataille contre la casse des retraites.

Michel Sahuc milite au sein du collectif anarcho-syndicaliste La Sociale, FA Montpellier


Retraites de nos député(e)s !

Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais

Aujourd’hui bon nombre de députés notamment de droite s’indignent du fait que les fonctionnaires ne cotisent que 37 ans et demi, alors que, dans le privé, la durée de cotisation est de 40 ans. Ils oublient de dire qu’eux-mêmes bénéficient d’un régime de retraite (statut particulier) défiant toute concurrence, et qu’ils se gardent bien de remettre en cause. En 2002 le coût de la retraite des députés a été de 34,9 millions d’euros.

Quelques chiffres

Un député ayant effectué 1 seul mandat (5 ans) peut toucher à partir de 55 ans 1 572 euros par mois de retraite (soit 10 311,64 FF). Après 20 ans de cotisation (4 mandats) son plafond est fixé à 6 000 euros, soit près de 40 000 FF par mois de retraite.

Chez les sénateurs, la retraite moyenne est de 2 625 euros (17 220 FF) et ils peuvent en bénéficier à partir de 53 ans.

Enfin, un ancien élu qui n’est pas reconduit dans ses fonctions (c’est-a-dire s’il est battu) bénéficie d’un revenu dit « revenu de transition » de 5 169 euros par mois (33 909 FF).

Bien évidemment, à ces indemnités dont beaucoup d’entre nous se contenteraient, s’ajoutent des revenus issus des activités exercées à côté de leur mandat de parlementaire : autres mandats électifs ou activités dans le privé, ou dans le public, ou encore en tant que chef d’entreprise (Dassault) ou ayant des jetons de présence dans les conseils d’administration.

Alors tous ces donneurs de leçons qui nous font passer pour des privilégiés qui s’indignent de nos régimes particuliers, qui parlent sans arrêt de justice, auraient-il oublié que la justice, c’est d’abord d’appliquer à soi-même ce que l’on veut appliquer aux autres. Oui mais voilà « faites bien ce que je dis, mais surtout pas ce que je fais ».

N’oublions pas que la première mesure de ce gouvernement a été d’augmenter le salaire des ministres de 70 %.

info AC ! Rhône