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À la petite semaine

Louise, reviens !

Le jeudi 24 avril 1997.

Du retard dans le paiement des loyers à l’abolition de la dette des pays non-alignés en passant par la création d’un « véritable » (sic) ministère des Droits des femmes, la plate-forme à forme creuse et à fond plat concoctée à l’issue des récentes Assises nationales pour les droits des femmes n’a pratiquement rien oublié.

La commerçante endettée, l’étudiante mal logée, la mère d’enfants handicapés, l’arriviste forcené, la pasionaria des patries à libérer, la pacifiste désarmée, la femme au foyer, l’ouvrière sous-payée, l’immigrée, la beauté exploitée, toutes ou presque trouveront dans ce laborieux inventaire sans Prévert les réponses à leurs difficultés.

Si, malgré tout, cette lecture proche de la torture laisse en vous un goût d’inachevé, c’est qu’en effet les sœurs de combat y ont oublié les veuves de guerre et la suppression du chou-fleur à la cantine pour les petites filles qui ne l’aiment pas, funestes omissions sans lesquelles ce document eût pu passer à la postérité.

À tout instant, ce catalogue quasi complet de plaintes sans grandeur appelle loi après loi, parle chiffons de papier et réclame sans pudeur l’exercice appuyé d’une Autorité qui partout suinte et pue à plein nez.

Tremplins pour carriéristes féministes déclarées, les « collectifs », mot en vogue venu remplacer ce qu’étaient naguère les « comités », jouent comme hier ces derniers les cache-sexe d’ambitions bassement politiques à peine voilées.

« Le pouvoir est maudit, c’est pourquoi je suis anarchiste » lança jadis Louise Michel à la face des apprentis politiciens de métier. Louise, reviens ! Ne serait-ce que pour rappeler à cette désolante assemblée, par ailleurs ridiculement attachée au genre des mots, que le pouvoir est un vocable masculin et l’anarchie du féminin.

Louise, reviens !

Floréal