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Anarchosyndicalisme au Nigéria

Le jeudi 18 septembre 1997.

L’Awareness League est une organisation anarchosyndicaliste qui compte 2 000 membres. Elle est affiliée à l’A.I.T. depuis décembre 1996.

L’année 1996, pour l’Awareness League (A.L.) et ses adhérents, fut difficile mais également pleine de satisfactions. Comme d’habitude, l’A.L. a eu à plusieurs reprises des ennuis avec les forces de sécurité et l’armée. Deux séminaires-meetings d’éducation politique mis en place par l’A.L., un à Engu et le deuxième à l’intérieur du campus de l’université de Nsukka, furent interrompus par des policiers en civil et des hommes du service de sécurité de l’Etat (State Security Service — SSS), qui proclamèrent agir selon « des ordres venant d’en haut ». Les deux meetings furent déclarés illégaux car faits « pour saboter le programme de la junte de transition vers un pouvoir civil ». Ils ont confisqué notre matériel destiné aux meetings mais ne firent aucune arrestation.

En réponse à l’action de grève mise en œuvre dans toutes les universités du Nigéria par les professeurs, les autorités ont instauré un renforcement des mesures de répression sur les enseignants et les autres militants connus pour soutenir les universitaires. Des centaines de personnes furent arrêtées et détenues, alors que le syndicat-écran des enseignants, l’Academic Staff Union of University était proscrit par un décret militaire. Deux profs membres de l’Awareness League furent détenus pendant trois mois lors de la période générale de répression. Ce sont les camarades Ahmed Ojefia de l’université de Uyo et Rex Denedo de l’université de Jos. L’incarcération n’a pas diminué leur foi et leur engagement à lutter pour une société meilleure et plus juste.

Le 26 juillet 1996, l’A.L. conjointement à trois organisations de gauche a organisé une manifestation pacifique à Ibadan, à environ 150 km au sud de Lagos pour obtenir de la junte la libération de tous les militants et journalistes incarcérés depuis qu’Abacha a pris le pouvoir en novembre 1993, et spécialement ceux emprisonnés sur des accusations fabriquées de « complot de préparation d’un coup d’Etat ». Par la suite, toute une semaine de rencontres antimilitaristes et d’éducation politique prévue pour la deuxième semaine d’août 1996 fut annulée du fait de la répression massive qui a suivi une grève nationale planifiée par des syndicats de travailleurs du secteur pétrolier. Nous avons tenu plus tard notre congrès annuel le 29 octobre 1996. Il fut suivi par 65 délégués.

Les tendances à l’intensification de la répression des régimes militaires successifs nous ont dicté un réexamen de nos tactiques et stratégies pour l’A.L., sans pour autant que nous perdions de vue nos objectifs libertaires plus éloignés. Pour cela, en 1996 l’A.L. a entrepris une nouvelle action pour établir des sections et des réseaux dans certains établissements industriels. Auparavant, les activités de l’A.L. étaient concentrées dans les universités, les médias et les services civils de l’État. L’objectif de cette nouvelle dynamique est de faire sentir la présence de l’Awareness League dans d’autres secteurs clés de l’économie. Jusqu’ici nous avons connu quelques modestes succès, avec la mise en place de réseaux de taille moyenne dans les rangs des jeunes employés de banques à Engu, Jos, Owerri, Benin Asaba, etc. Comme parmi la branche radicale des travailleurs du pétrole à Warri, Calabar et Port-Harcourt dans la région pétrolifère dévastée du Delta du Niger.

Awareness League