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Cinéma

« Violetta, la reine de la moto »

de Guy Jacques
Le jeudi 13 novembre 1997.

Pas évident, le titre. Il y a aussi un roi de la moto qui s’ignore, une reine de la moto qui a le vertige et une reine blanche qui montre tôt sa robe de mariée. Quel film chaleureux et simple ! Quels petits déjeuners en plein air et devant une caravane assez délabrée qu’on arrose néanmoins un max.

Quel beau visage que celui de Florence Pernel, tantôt espiègle, tantôt désespéré. Daniel Prévost campe le père de famille tellement heureux de gronder, de sourire, de vociférer qu’on regrette qu’il doive laisser sa place à des affreux affreusement caricaturés, si bien que l’on n’arrive pas à avoir vraiment peur. Dominique Pinon, touché par la grâce, entre dans cette ronde d’acteurs évidents et heureux de l’être. L’histoire, il faut admettre, n’est pas d’une originalité folle. Mais comment c’est raconté ! Comment on aimerait partir avec eux sur la route, explorer la vie des forains et manger leurs sandwiches dont personne ne veut. Réflexion sur le spectacle des passions et la passion du spectacle, « Violetta, la Reine de la Moto » passe en revue les possibilités de survivre aux avatars de la vie, de maîtriser ce foutu bordel où certaines familles jettent leurs enfants, d’inventer des remèdes efficaces, quand les mots restent impuissants. Il n’y a point de consolation contre l’indifférence du monde. Mais l’épaule et l’oreille au bon moment, ce n’est pas mal non plus. Et ça existe. Ne serait-ce que pour ce message, le film a atteint son but. L’univers de Guy Jacques est toujours aussi personnel et fait penser à ce mot d’un poète qui ne voulait pas être trop secoué car il allait se mettre à pleuvoir des larmes. Dans Violetta ça ne dure jamais, on n’arrive jamais jusque là. L’amitié, la fraternité veillent, vous balancent des grandes baffes pour ne jamais vous laisser aller à oublier que l’amour arrive parfois au bout de tout.

Et c’est dit avec des images de cinéma. On voudrait connaître les ficelles de Guy Jacques pour peindre ses couleurs comme l’humeur des gens, changeantes, magnifiques.

Heike Hurst
émission Fondu au Noir (Radio libertaire)