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Nouvelles des fronts

Le jeudi 28 octobre 2004.

Vive la grève sauvage, IG metal collabo ! Enfin des réactions dignes de ce nom à un plan massifs de remerciements pour bons et loyaux services. Le premier constructeur automobile au monde dégraisse en Belgique, Suède, Allemagne… Motif le travail est moins cher ailleurs, 35 % en Espagne, 85 % en Pologne, et en Chine on travaille à l’œil dans les camps de prisonniers. Alors, suppression de 10 000 emplois en Europe du nord sur 62 000 dans le monde. Aux États-Unis, on virera seulement après les élections, ça vote quelquefois un prolo, sait-on jamais. De fait, en Allemagne c’est une grosse poutre dans l’œil de la DGB et de son puissant syndicat de la métallurgie. Une révolte légitime, même si elle est tardive et défensive, d’une classe ouvrière trop soumise et trop souvent bafouée par ses propres représentants technocratrisés et notabilisés. À quand le retour du très sain et très nécessaire refus de parvenir des syndicalistes d’autrefois ? Même scénario à venir chez VolksWagen, ça va cogner si le prolo résiste trop aux propositions patronales sur la durée du travail… Grève sauvage quand tu nous tiens… Qu’attendent les cristalliers d’Arques pour s’y mettre aussi, la très paternelle entreprise du Nord-Pas-de-Calais leur a promis 2 700 emplois en moins d’ici à 2008, les plus heureux pourront rester, à condition toutefois que la productivité augmente d’ici là de 26 %. Cadences infernales quand tu reviens… Les autres peuvent comme beaucoup d’autres postuler à l’ambassade de Chine. Même punition pour les employés d’un groupe d’assurances (RSA) en Grande-Bretagne, 1 100 emplois en moins, mais pour postuler, il faut s’adresser à l’ambassade de l’Inde, néo-colonialisme oblige. Et ça ne fait que commencer, selon une étude comme d’habitude bien intentionnée et forcément scientifique — en fait qui prépare le terrain et le recours à la « science » le fait si bien — 1,2 million d’emploi dans le tertiaire (informatique, banque, télécom…) pourraient soit disparaître, soit être délocalisés à moyen terme. Face à un tel déferlement la grève sauvage ne sera sans doute pas suffisante, il faut en effet des employés et des ouvriers pour la faire et au train ou vont les choses, il va falloir se dépêcher.

Résultats des courses, ça stresse et ça tremble dans les chaumières, 25 % des employés et 34 % des ouvriers, toujours selon des sources avérées dont la Nouvelle Vie Ouvrière, se sentent menacés dans leur travail par les délocalisations. Visiblement, y’a encore du bon sens et de l’anticipation dans la « classe ouvrière », à quand l’action ? Au reste la situation est alarmante, quelques chiffres démontrent la réalité de cette menace et le mouvement de paupérisation qu’elle provoque : 2,6 % d’augmentation des inscriptions à l’ANPE (malgré les radiations) en un an, progression de 3,7 % des missions d’intérim, 20,2 % des personnes accueillies dans les foyers d’urgence sont des travailleurs pauvres. La population carcérale, où les pauvres se taillent la part du lion, a augmenté de 0,6 % en septembre 2004. Décidément la grève sauvage ne pourra pas suffire.

Hugues, groupe Pierre-Besnard