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Justice Perben de plus en plus raide

Le jeudi 5 juin 2003.

Dans l’opposition comme la majorité, les députés PS et UMP sont entre surenchère et délire sécuritaire. La réaction est générale et obsessionnelle. C’est confirmé : gauche, droite, c’est fait pour nous faire marcher au pas et rien d’autre.



Au-delà du champ déjà très étendu de la loi Perben, les députés UMP ont adopté, en première lecture à l’Assemblée, un durcissement du texte. Celui-ci ne fait que renforcer le pouvoir des policiers et du parquet : allongement de certains délais de prescription, suppression de l’effacement du casier judiciaire des mineurs à 18 ans et autres délires.

Thierry Mariani (député UMP du Vaucluse) propose nombre d’amendements répressifs comme, par exemple, le renforcement des perquisitions dans les cabinets d’avocat, l’aggravation supplémentaire des peines judiciaires pour certains crimes commis en « bande organisée » et la création de « bans de justice ». Ces derniers, établis sur le modèle des « bans de mariage », auraient pour vocation d’informer les habitants des suites judiciaires données aux crimes commis dans leur ville. M. Mariani propose également, la suppression de l’amnistie, votée en 1981, du casier judiciaire des mineurs, quand ils atteignent 18 ans. En effet, pour lui, ce texte a « développé le sentiment d’impunité chez les jeunes  », au lieu de «  donner une nouvelle chance aux adolescents délinquants devenus adultes ». L’amnistie ne sera prononcée, désormais, qu’au bout de cinq ans et à condition que le jeune adulte ne commette pas de nouvelles infractions.

Christian Estrosi (UMP, Alpes-Maritimes) souhaite, quant à lui, que les nouvelles prisons comportent des salles aménagées «  pour les interrogatoires et les auditions des détenus, afin de limiter les risques liés aux transferts de prisonniers vers les tribunaux ».

La légalisation du dépôt, période de rétention entre la fin de la garde à vue et le déferrement du suspect devant le procureur, va dans le même sens : elle pourra dorénavant excéder vingt heures… Mais l’intéressé aura néanmoins la chance de s’entretenir avec un avocat ou d’être examiné par un médecin (ces messieurs sont trop bons !).

Jean-Luc Warsmann (UMP des Ardennes) s’est empressé d’attacher cette nouvelle pelletée d’amendements supplémentaires, sur « l’aménagement et l’exécution de peines de prisons ».

Les députés socialistes ont soutenu, pour leur part, les mesures qui prévoient de relancer les procédures d’alternatives à la prison : travail d’intérêt général, jour-amende, surveillance électronique…

Ces mêmes députés socialistes ont tout de même osé social-démocratiquement traiter les députés UPM excités de « jouer les pompiers de service, face à une politique du tout répressif, mise en place depuis un an » (quel courage !).

Sur quoi, Pascal Clément (président UMP de la commission des lois) a clos les débats et constaté l’adoption, en première lecture, de ces amendements par l’Assemblée, sur un pari : « Je fiche mon billet que si la gauche revenait au gouvernement, elle ne toucherait pas à ce texte. »

Pour une fois, le Monde libertaire abonde dans le sens visionnaire de cette bande de réacs de l’UMP… Mais pas pour les mêmes raisons. Pas pour les mêmes tenants et surtout pas pour les mêmes aboutissants. Sinon ceux de les voir disparaître tous et vite, députés UMP, socs-dems, le plus rapidement de nos quartiers, de nos rues et de nos vies ! Qu’ils aillent se fouetter et jouer le tout-sécuritaire ailleurs, par exemple, dans leurs clubs privés.

Patrick Schindler, groupe-claaaaaash@federation-anarchiste.org


Sources : présence militante à l’AN (ça sert d’être journaliste) et article dans Le Monde, dimanche 25 mai 2003.