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Nice-Marseille-Vitrolles

Manifestations antifascistes

Le jeudi 12 février 1998.

Nice le 31 janvier, Marseille le 4 février et Vitrolles le 7, les manifs contre le FN ont débuté dans le Sud avec l’approche des élections régionales. À Marseille, 4 000 personnes défilaient pour gueuler leur haine du FN. Il faut se souvenir qu’il y a un an (le 11 mars), une manif anti-FN avait été dispersée par les CRS plutôt violemment (des procès sont toujours en cours). Les orgas (du PCF à Ras l’Front, en passant par la CFDT et SOS-Racisme) avaient décidé de partir du Vieux-Port pour terminer au Cinémadeleine, lieu des « incidents ». Bref un cortège d’anciens combattants.

Une fois sur place, nous discutons avec les camarades du Scalp et de la CNT-Vignoles de l’éventualité d’un débordement du service d’ordre, afin de marquer notre désaccord avec la symbolique du lieu de dispersion (nous étions là contre le FN et non pour commémorer un matraquage). Pendant nos palabres, un groupe de keupons prend l’initiative, nous embrayons, entraînant environ 200 personnes. Des responsables CFDT tentent de nous « raisonner », bizarre ils y renoncent… Petite satisfaction, nos drapeaux noirs sont les derniers, plus de banderoles, rien, les orgas n’ont pas l’air de nous soutenir… Les keufs ne nous stoppent pas (ils ont dû recevoir des ordres depuis l’année dernière). À quelques centaines de mètres du lieu du meeting, un cordon de CRS nous stoppent, nous sommes environ une centaine. Devant l’impossibilité d’un débordement, nous nous dispersons.

En fin de semaine, rendez-vous à Vitrolles pour « fêter » une année de gestion FN. Triste bilan selon Ras l’Front : suppression des aides aux chômeurs (transports gratuits, bons alimentaires…), licenciement massifs et illégaux (150 personnes), fermeture de centres aérés, de classes de découverte, du « Sous-Marin », dépenses pour la police municipale, les « Ninjas » (2 000 par uniforme) dont les membres ne sont pas souvent recrutés localement mais proviennent des DPS ou sont des anciens skins, embauche d’employés « sûrs » (famille ou encartés FN), tentative d’achats de voix avec la prime à la naissance BBR.

La manif a été moins importante que les deux précédentes mais il y avait une forte présence libertaire (Scalp, FA-Marseille, des camarades toulonnais et lyonnais de la FA et de la CNT-Vignoles). Nous avons alimenté la manif de slogans radicaux refusant tout discours restrictif sur l’antifascisme : « Derrière le fascisme se cache le Capital, la lutte doit être radicale », « C’est pas les immigrés qu’il faut virer, c’est le capitalisme qu’il faut éliminer », « Être français on s’en fout, on veut plus de frontière du tout ». La solution proposée par Ras l’front (PS et plus si affinités) est le vote. Point. En tant qu’anarchistes nous rejetons leur slogan « Ne pas voter, c’est voter pour eux ». Mais voter pour les autres, c’est approuver la barbarie capitaliste et l’asservissement étatique.

Aussi, c’est dès aujourd’hui qu’il faut non seulement résister mais encore lutter, non pas contre un parti politique mais contre tout ce qui génère inégalité, oppression et barbarie. La lutte antifasciste ne peut se dissocier d’une lutte pour de meilleures conditions de vie, pour l’égalité sociale, pour la solidarité, contre le Capital et contre l’État, contre tout système qui peut engendrer des monstres totalitaires, c’est une lutte pour un projet social d’égalité entre tous et de liberté pour tous.

Stéphan
groupe de Marseille