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éditorial du nº 1532

Le jeudi 6 novembre 2008.

Le culte de l’État providence pouvant pallier les incohérences d’un système économique basé sur l’exploitation, en toute liberté, par quelques-uns, de la grande majorité des habitants de notre planète, semblait être devenu une notion complètement désuète.

C’est pourtant bien ce credo que l’on voit revenir en ces temps de récession provoquée par le système capitaliste. Nos législateurs jacobins veulent nous faire gober que grâce à eux la masse monétaire subtilisée par les spéculateurs n’aura qu’un impact limité sur notre situation sociale. Il n’y a qu’à regarder les mesures que mettent en place ces salops, en prenant des airs de sauveurs suprêmes, pour s’apercevoir que ce seront toujours les mêmes qui trinqueront, ceux qui n’ont que leur force de travail à louer pour remplir leurs gamelles.

Après avoir offert des milliards aux banquiers, promis des exonérations en veux-tu en voilà aux patrons, notre bon saint Nicolas sort de sa hotte des mesures en faveur des employeurs. Au nom du pragmatisme, celui qui lors de sa campagne présidentielle fustigeait l’inefficacité des emplois aidés remet au goût du jour ce substitut des ateliers nationaux pour offrir au patronat de la main d’oeuvre bon marché.

Ce caméléon en profite pour sonner le glas des CDI en favorisant les CDD précaires qui, a-t-il dit à Rethel, sont plus appropriés à la situation actuelle. De l’emploi, il n’en est pas question dans les mesures annoncées, tout juste des p’tits boulots précaires comme ceux d’aide à la personne (autrefois appelés domestiques). Si nous nous laissons faire, le capitalisme va sortir renforcé de cette crise. Il aura forcé l’État à dégrader la situation sociale. C’est encore une bataille de la guerre des classes qui est en train de se jouer, et tant que les « citoyens » assujettis aux États ne s’émanciperont pas pour rompre le joug qui les attelle à cette institution créée par les bourgeois à leur seul profit, nous risquons de perdre bataille sur bataille. Le nerf de la guerre est entre les mains de l’ennemi, et si entre deux crises, il concède quelques réformes, il les gomme dès que ses profits sont en danger.

Créée, lors de la révolution de 1789, par les possédants pour s’émanciper de l’absolutisme de droit divin, la démocratie telle que nous la connaissons n’a fait que remplacer le culte à un dieu par un culte à la loi et à l’État. À nous maintenant de nous libérer de cette oppression en créant les conditions d’une révolution économique et sociale qui amènera l’égalité et la liberté à chacun.