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éditorial du nº 1560

Le jeudi 11 juin 2009.

Le coup de sifflet marquant la fin de la récréation a retenti. Les délégués de classe ont été médiocrement élus par leurs petits camarades. L’administration a un sourire goguenard. Les affaires sérieuses vont pouvoir continuer après les piailleries et crêpages de chignon que nous a valu l’affligeant intermède des Européennes, spectacle sponsorisé par la déesse parkinsonienne nommée Démocratie. Pendant que le culte (ranci) à la citoyenneté était célébré, le Conseil européen (chefs d’État et de gouvernement) gardait sous le coude un document (référence 8250/09) issu de leurs récentes cogitations.

Les prescriptions fixées dans cette feuille de route — quoique écrites dans la plus pure novlangue de la technocratie — sont sans ambiguïté. Exemple (pages 86 à 89) : « le potentiel de croissance des États membres de la zone euro est fortement tributaire de l’intensification des réformes visant à faciliter les ajustements du marché du travail et à renforcer la concurrence dans le secteur des services. » Traduction : les salaires morfleront. Les systèmes de retraites sont également dans le collimateur du Conseil européen. Tout autant sont visés les services publics. Enfin, à propos du travail salarié, les porte-voix du capital préconisent de « moderniser les différentes types de contrat […] en réduisant la segmentation entre les différents types de contrat » (informations révélées par le journal Politis).

Sur ce dernier point, un cancérologue pourrait dire : la tumeur Bolkestein a drôlement métastasé ! Le knout nous est promis par les chefs d’État et de gouvernement. Quant à leur volonté d’essayer de préserver un minimum la santé de leur « cheptel », l’avenir proche le dira. Eh oui, Monsanto, plus d’autres semenciers (semeurs de misère et de mort serait plus juste), demandent auprès de la Commission européenne que 109 plantes génétiquement modifiées soient autorisées à l’importation alors que les conséquences écologiques, économiques et sociales des OGM se révèlent chaque jour plus catastrophiques. Scénario prévisible : des délégués de classe monteront au créneau pour éviter le pire qui, néanmoins, décrochera des parts de… marché (bien sûr). Et pour cause, penser que la qualité des arguments des opposants aux nécrosciences sera suffisante pour faire échec à la puissance des lobbies considérés est une pure… chimère.

Quel est l’objectif général de nos différents matons ? Réduire les portions dans nos assiettes tout en les garnissant d’une bouffe qui vous ferait dégueuler un chat par la patte. Voilà de quoi nous filer une sacrée faim de luttes, non ?