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éditorial du nº 1569

Le jeudi 22 octobre 2009.

L’actualité est parsemée d’effets d’annonce pour tester et agiter l’opinion publique. Un Obama prix Nobel de la Paix, un Sarkozy II, président de l’Epad. En Irlande, ils ont re-voté et puis après ? Pour ce qui est du référendum sur le Traité européen, nous avons encore en tête la victoire du non en France et le sort qu’il a connu. En Irlande, le oui fait place au non. Après tout, peu importe le résultat, l’important c’est de participer. La votation sur la privatisation de La Poste connaît le même sort. Passé l’engouement du scrutin, le suspens du résultat et sa célébration, il ne reste plus rien.

Dans la rue, pas dans les urnes, cela n’est guère plus réjouissant. Après les journées du 29 janvier et du 19 mars, la rentrée serait chaude, nous avait-on dit. Le camarade Thibault a donc planifié un mois d’octobre très chargé pour mobiliser les troupes au compte-gouttes : le 6 chez France Telecom, le 7 pour le « travail décent », le 16 pour les retraités, le 20 chez les cheminots et enfin le 22 pour le « développement de l’emploi industriel ». Des journées saute-mouton, avec des appels bien peu mobilisateurs. Les confédérations avancent leurs pions, mais se gardent bien de relancer un mouvement interprofessionnel, qui aurait la prétention
de vouloir réellement gagner face au patronat.

Pourtant des grévistes fortement mobilisés, il y en a : Continental, Molex, Goodyear, Servisair… mais les grandes centrales syndicales s’entendent pour « ne pas s’entendre » et ça nous vaut des calendriers de luttes différents pour chacune d’elles. Ces luttes sont donc condamnées à l’inefficacité ; et en plus elles lassent les salariés en butte à la crise. Les patrons se marrent. Aucune organisation pour fédérer ces luttes. On nous fait défiler, on nous balade, on nous tend le mégaphone pour mieux nous rendre muets. Patrons et État font passer leurs lois et autres projets, tandis qu’en face les dirigeants syndicaux feignent de taper du poing sur la table, mais font en sorte de ne jamais marquer de point. « Souffler n’est pas jouer », nous dirait un joueur de dames. Un camarade fin gourmet nous dirait, quant à lui, que « deux chapons ne feront jamais une poulaille ».