Un festival d’été parmi d’autres, mais un festival d’amateurs de chansons, de convivialité, et souvent des deux. Ainsi peut-on définir ce festival « Notes en Bulles », qui vient de voir sa deuxième édition se dérouler à Artigues.
Les amateurs sont les festivaliers, mais aussi les organisateurs dont aucun ne fait partie des milieux du spectacle. Au contraire, ce sont pour la plupart des vacanciers comme les autres, sans plus de privilèges, qui ont accepté ou désiré s’investir dans toutes les tâches de l’organisation (restauration, accueil, billeterie…). Ceci explique une bonne part de l’ambiance, et que les festivaliers se proposent spontanément pour aider ou pour s’entraider.
Ils ont pu suivre les prestations de Luc Romann (en ouverture), de Roger Lahane, Valérie Ambroise (sur des textes de Brassens), Jacques Lebouteiller, Eric Fraj, Môrice Benin (ex-local de l’étape, Manu Lann-Huel, Elisabeth et Guimou de la Tronche, François Budet, Claude Antonini, Louis Capart, Christian Paccoud et Alain Aurenche (en clôture). Bref, treize spectacles où chacun a pu avoir ses préférés et ses déceptions sans que son voisin ou sa voisine soit du même avis. De quoi être satisfait !
Il y a eu, si l’on excepte le bal folk de clôture, un quatorzième spectacle : une scène ouverte où des spectateurs ont pu interpréter les chansons qu’ils désiraient. Ceci a permis de découvrir Vladimir, un très jeune et très bon amateur. Son succès, très mérité, fera qu’Alain Aurenche le prendra en première partie de son concert prévu le 17 septembre au Cabaret du théâtre de Nesle, à Paris.
L’absence de barrières entre organisateurs, vacanciers, techniciens (très compétents) et artistes fut apprécié par ces derniers [1]. À Artigues, ceux-ci ne jouent pas les vedettes. Beaucoup d’artistes ne souhaitent pas le développement du festival, et désirent qu’il reste ce qu’il est : petit et convivial, au bout du monde. Il sera difficile de leur faire entièrement plaisir sur ce point. « Notes en Bulles » doit encore grossir un peu et s’intégrer plus dans la vie du canton de Quérigut, pour persister [2].
On peut comprendre l’attitude des artistes, car s’ils sont peu payés, à l’occasion du festival, ils y sont appréciés, et on les découvre (pour certains) sans a priori. Par ailleurs, on les accueille du mieux possible et certainement mieux qu’en des festivals-usines où l’industrie du spectacle gouverne désormais, après des démarrages qui ont souvent été sympathiques. Autant de festivals où un jour est venu le temps de jeter les artistes et de vendre des produits.
Même s’il est exagéré de prétendre participer à un festival à caractère libertaire, autogéré, la personnalité des organisateurs et leur fonctionnement, qui se veut collectif, éloigne pour longtemps la perspective ci-dessus.
C. D.