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Lille

Chronique ordinaire d’un État policier

Le jeudi 11 janvier 2001.

Vendredi 5 janvier 2001, à l’occasion de vœux du maire de Lille. Les lieux du pouvoir lillois étaient opaques. Une opacité toute policière. Le Collectif des sans-papiers-59 avait demandé à être reçu. Le maire et la future élue ne reçoivent pas, ils policent ! Nous avons donc été maintenus à distance par un impressionnant dispositif policier ceinturant tout le quartier de la mairie. Un dispositif que nous avons pu tester en tournant, tels des indiens, autour de cette ceinture policière.

Depuis juin 1996, à Lille les sans-papiers, avec plus ou moins de force, sont quotidiennement présents dans les rue lilloises. En novembre-décembre 1999, après l’expulsion municipale des sans-papiers de leur local de lutte au CHRU de Lille, la lutte pour le local a montré la détermination des sans-papiers à rester visibles et à se maintenir dans le débat politique. Durant cette période des régularisations ont été gagnées, un local provisoire fut obtenu.

Au printemps 2000, l’occupation par 110 sans-papiers de l’IEP de Lille a marqué un tournant : la reprise d’une lutte collective.
La grève de la faim, déclenchée en avril 2000 par les sans-papiers, mais dont la responsabilité incombe aux autorités de part leur obstination à n’entendre que ce mode extrême de lutte, a permis d’obtenir un certain nombre de régularisations, que ce soit celles de grévistes ou de non grévistes.

Ces régularisations arrachées par la lutte ont été cependant des carottes pour compenser les coups de bâtons donnés d’autre part : expulsions violentes, état de siège policier du marché de Wazemmes, manifestations encadrées de près par les CRS et la BAC, occupation policière de la Bourse du Travail, hospitalisations forcées des grévistes de la faim durant plus de trois semaines, contrôles à tout va, arrestations à domicile de sans-papiers, procès intentés à des soutiens, intimidations judiciaires, policières…

Aujourd’hui, la question du local est à nouveau posée. En décembre 1999, les collectivités territoriales (mairie, conseil général, conseil régional) s’étaient engagées à trouver un local définitif aux sans-papiers. Voilà plus de 6 mois que les délais fixés sont dépassés !

Les sans-papiers, à l’occasion des vœux du maire de Lille, demandaient à être reçus pour rappeler ces engagements.

Christophe (Comité de défense des droits des sans-papiers)