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éditorial du nº 1755

Le jeudi 6 novembre 2014.

Pour favoriser une irrigation intensive au seul service d’une trentaine de producteurs de maïs, l’irréparable a donc eu lieu. La vie de Rémi Fraisse (vingt et un ans) a tragiquement été interrompue par la bêtise et l’obstination de l’État, toujours prêt à défendre des intérêts particuliers qui vont à l’encontre de l’intérêt général. Les commentateurs de tout poil, politiques ou journalistes, n’en finissent pas de souligner les violences observées lors des affrontements sur la ZAD du Testet. Pour la gendarmerie, il ne s’agit que d’« un accident, un malheureux concours de circonstances ». On connaît le refrain. Qu’on nous permette juste de faire remarquer qu’à chaque fois, au Testet, comme à Notre-Dame-des-Landes, comme ailleurs, les manifestants sont dans leur très grande majorité non violents, ce qui est loin d’être le cas des forces policières, qui procèdent à des interventions de plus en plus musclées et démesurées à chaque nouveau conflit. Force est de constater que, si au cours de ces dernières décennies on compte dans les rangs des manifestants des morts ou des blessés graves (genre œil crevé par tir de flash-ball), tel n’est pas le cas pour les différents corps de police. Combien de tués, d’infirmes, chez nos cow-boys en uniforme ? Qui a les moyens de sa violence ? Celle — éventuelle — des citoyens paraît bien faible par rapport à celle de l’État provocateur. Après des mois de surdité absolue, les autorités ont annoncé la suspension des travaux du barrage de Sirvens. Fallait-il pour cela attendre la mort d’un homme ?