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éditorial du nº 1608

Le jeudi 14 octobre 2010.

« L’action directe dégage l’être humain de la gangue de passivité et de non-vouloir, en laquelle tend à le confiner et l’immobiliser le démocratisme. » Récemment, la CGT Goodyear semble s’être souvenu de ce vieil adage – écrit en son temps par l’anarchiste Émile Pouget, fondateur du syndicat précité – en s’en allant manifester leur colère chez les Versaillais du Salon de l’automobile, le 8 octobre dernier.

Les grands médias ont joué aux trois singes – aveugle, muet et sourds –, histoire de ne pas donner de mauvaises idées au reste du mouvement social. C’est dire qu’envahir le salon des capitalos de l’auto, ça change des manifs pantouflardes et des grèves journalières. Ça témoigne aussi d’une certaine radicalisation de la contestation actuelle qui commence enfin à s’émanciper de la camisole bureaucrate des grandes centrales syndicales et qui pourrait bien aboutir à cette grande grève générale que le mouvement ouvrier s’acharne tant à construire. Cette semaine s’est vue comblée par de multiples préavis de grèves illimitées pour le 12 octobre, au grand dam de certains dirigeants syndicaux qui, malgré l’ambition de la base, s’évertuent encore à repousser pareille idée. À ce propos, Bernard Thibault remporte la palme, affirmant qu’une telle grève « ne correspond pas à la pratique par laquelle on parvient à élever un niveau de rapport de force ». Sans doute les pique-niques syndicaux y contribuent plus largement…
De son côté, l’État fait mine de ne pas perdre la tête, et préfère davantage polémiquer sur le nombre de manifestants que sur les véritables enjeux de cette réforme.

Toujours en est-il que le mouvement social s’amplifie et commence à prendre conscience que d’autres pratiques, plus directes et radicales, sont nécessaires pour venir à bout de la réforme gouvernementale. Le 12 octobre nous dira ce qu’il en est et, lorsque vous lirez ces quelques lignes – a priori le 14 –, peut-être aurons-nous une économie paralysée et un gouvernement apeuré, tandis que nous travaillerons tous ensemble – travailleurs, usagers, consommateurs – à reprendre en main notre vie et à construire une nouvelle société.