Accueil > Archives > 2000 (nº 1187 à 1225) > 1214 (28 sept.-4 oct. 2000) > [éditorial du nº 1214]

éditorial du nº 1214

Le mercredi 27 septembre 2000.

Avec l’« affaire Méry », la presse vient de nous faire une grande révélation : les partis politiques sont financés par des pots de vin, versés par des entreprises qui font partie des plus riches, moyennant l’attribution de marchés publics qui comptent parmi les plus juteux. Là où il est affaire de gros sous, mieux vaut négocier avec ceux qui ont les poches pleines !

Et en effet, les entreprises citées dans cette affaire de financement occulte nous sont aujourd’hui encore bien familières : ce sont celles précisément qui affichent des bénéfices records, atteignant en six mois ceux de l’année 1999 entière.

On comprend facilement alors pourquoi la prospérité des entreprises fait le bonheur des politiques, et vice-versa. L’autre analyse que ce scandale confirme, c’est que sur ce terrain du fric et du financement crapuleux, les différences politiques sont facilement reléguées au second plan.

Lorsqu’il s’agit de magouiller, de prospérer et d’avoir les moyens de faire sa pub dans la course au pouvoir, les couleurs politiques, qu’elles soient rouge, rose ou arc-en-ciel s’effacent pour laisser place à la couleur unique, celle de l’or. Les réactions, fausses et timides, de Chirac mais aussi des représentants du PS et du PC ne peuvent que nous confirmer que c’est le ménagement et l’entraide qui domine les relations entre groupes politiques.

Tout cela prouve, s’il le fallait encore, que nous ne vivons décidément pas la même réalité que ceux qui nous dirigent. Lorsque vous vous demandez comment vous allez vous débrouiller avec 500 F pour terminer le mois, eux se demandent comment ils vont, pour cette fois, se partager 10 millions de francs à trois partis politiques. Assurément, dans la vie, il y a des dilemmes plus délicats que d’autres !

Dans ce contexte, le peu d’intérêt des Français pour le référendum sur le quinquennat se comprend aisément. Loin de toucher à ce qui fait le quotidien du plus grand nombre, ce référendum n’est qu’un illusoire appel à une plus grande participation des petites gens dans la vie politique. Les vrais enjeux sont bien évidemment ailleurs et les 70 % d’abstention représentent autant de gens qui ont compris cela.

De plus en plus clairement, l’actualité politique nous montre que nous pourrions avoir nous aussi notre part du méga-gâteau des richesses. Encore faut-il aller la chercher, là où elle est et avec une détermination à la mesure des moyens mis pour nous écarter de ce grand festin !