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Ceux qui s’en vont…

Gérard Pinset

juin 1967.

J’ai rencontré Gérard pour la dernière fois, une nuit de mai, dans un café de la rue du Croissant. Devant un demi (un blanc sec pour moi), nous avons discuté de l’intérêt de la voiture. Mais Gérard préférait son vélomoteur. Ce camarade si distant, si détaché (en apparence) des contingences matérielles, semblait éprouver quelque affection pour sa machine. C’est elle qui l’a livré, si bêtement qu’il m’est encore difficile d’y croire, à la mort. Gérard, c’était un être caché qui s’effaçait volontiers derrière le paradoxe ou un cynisme de façade, mais il fut toujours des nôtres, avec sa femme, aux heures du travail militant. Simplement, il ne voulait pas se faire d’illusions et l’on sait que s’en faire est le défaut de bien des camarades, quand la lucidité devrait être notre qualité majeure. Je puis le dire au nom des Amis du Monde libertaire, mon vieux Gérard, ta présence y sera longtemps vivante et fraternelle.

C.K.