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Nouvelle-Zélande

L’Actualité des young blacks

Le jeudi 13 mars 2003.

L’anarchisme en Nouvelle-Zélande (ou Aotearoa selon les Maoris) a des difficultés à se développer comme dans tout pays de faible tradition libertaire. Toby, du groupe Wildcat qui édite la revue Thrall à Wellington, a accepté de brosser un tableau de cette partie de la planète riche en paysages naturels et terre des Indiens maoris, un des premiers peuples à utiliser son propre corps comme un art, avec tatouages et « piercings ».

Le mouvement anarchiste néo-zélandais est petit, mais montre des signes encourageants. Actuellement, des groupes fonctionnent à Auckland (Class war, youth anarchist organisation), à Wellington (Committee for the establishment of civilisation, Freedom shop collective, Wildcat), et à Christchurch (Anarchist round table ou Art). Il y a aussi des regroupements informels à Hamilton et Dunedin, et une section de l’union syndicaliste Industrial Workers of the World (IWW), à Dunedin.

Une conférence nationale anarchiste organisée par Art, à Christchurch l’an passé attira plusieurs dizaines de personnes. Il faut considérer qu’un quart de la population totale (4 millions d’habitants) vit à South Island, et que ce pays n’a pas de tradition politique radicale, même de lutte.

Comme souvent, les activités des groupes sont nombreuses et variées. Certains sont focalisés sur les luttes locales, comme à Wellington où on a tenté d’empêcher la construction d’une autoroute inutile qui passerait au milieu de la ville, détruisant diverses habitations et même Freedom Shop, qui est l’unique librairie anarchiste de Nouvelle-Zélande. Cette lutte a entraîné des occupations, manifestations, ripostes policières. Des gardes de sécurité ont tenté d’expulser Freedom Shop. La librairie continue à fonctionner mais son avenir est incertain. Class war youth, de Auckland, était récemment lourdement investi dans une grève pour appuyer des enseignants du secondaire. Ils ont aussi participé à des actions directes contre la privatisation de l’eau à Auckland. Art est investi dans la construction d’un centre activiste et aide à produire un journal local. La majorité des groupes est active dans l’opposition à la guerre des élites américaines « contre le terrorisme ».

La faiblesse majeure du mouvement de ce pays c’est la faible influence sur le monde du travail ; dans un passé récent, cette influence était plus forte mais il y a eu déclin. La section des IWW s’efforce d’inverser la situation mais cela reste difficile.

D’un autre côté, le mouvement anarchiste touche plus de gens. Il y a eu une évolution vers un anarchisme de lutte de classe, essentiellement sous l’influence de la revue Thrall, la plus grande revue anarchiste du pays, produite par un collectif d’anarcho-communistes et d’anarchosyndicalistes à Wellington et Christchurch.

L’anarchisme de lutte de classes semble bien être en train de se relever dans un pays qui a été l’objet d’attaques du néolibéralisme sur les niveaux de vie, les salaires et conditions de travail, alors qu’environ 30 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Sans en être arrivé à la situation de l’Argentine, la Nouvelle-Zélande était un des pays les plus riches du monde dans les années soixante et est devenu un des pays avec le niveau de vie le plus bas de la région.

Entre-temps, l’assaut néolibéral et la récession actuelle ont généré une grande résistance de la classe travailleuse. Mais la résistance est isolée et sous contrôle, comme les occupations de terres des Maoris au milieu des années quatre-vingt-dix. La majorité des Néo-Zélandais est apathique, ils se sentent sans pouvoirs pour changer les choses, et manifestent peu d’intérêt pour la politique radicale.

Ce que l’on appelle le « mouvement anticapitaliste » a récemment réactivé son intérêt pour l’anarchisme. Des « carnavals contre le capitalisme » ont été organisés à Wellington. Parallèlement à ces carnavals, des contacts ont été pris avec des groupes d’autodétermination de Maoris anticapitalistes qui sont partie prenante de l’Action globale des peuples. L’AGP néo-zélandaise organisera bientôt sa première réunion publique à Wellington. Cela sera la première fois que des groupes maoris montreront leur attrait pour l’anarchisme et pour les formes anarchistes décentralisées d’organisation.

Pour plus d’infos : Thrall, POB 22-076, Christchurch, Aotearoa, New Zealand
ou par Internet : www.thrall.orcon.net.nz


Traduction : Relations internationales de la FA. Sources : Mrs Ana