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éditorial du nº 1318

Le jeudi 1er mai 2003.

Nous sommes nombreux, hommes et femmes, dans la galaxie libertaire, a avoir fait le choix de ne pas nous reproduire. Je veux dire en tant qu’êtres humains bien entendu. Ce choix délibéré de ne pas procréer, ce droit naturel, si l’on néglige l’argument aux relents gauchistes de priver la classe ouvrière de forces vives, nous contraint de constater que du point de vue de nos sociétés modernes cela ne fait pas l’affaire. Les économies occidentales sont face à un véritable casse-tête et bien malin celui ou celle qui va trouver la solution. Faut-il davantage d’individus pour travailler et payer les retraites ? Et l’afflux d’une cohorte de crève la faim ne risque-t’elle pas de générer du chômage, de la misère et par conséquent une insécurité sociale difficilement maîtrisable.

Ce paradoxe du capitalisme pourrait tout avoir pour nous réjouir. Il serait si simple de se débarrasser d’une pichenette de ce vieux monde. Mais hélas, il en vit, et bien, de ces contradictions, s’en nourrit, s’en réjouit, s’en repaît. La grande majorité des peuples lui accorde un crédit illimité toute occupée qu’elle est à se reproduire justement et à consommer sans limites. Mais aussi que penser d’une société vieillissante, sans avenir, sans projets, sans l’apport dynamisant de jeunes générations qui la pousserait au cul pour la faire avancer ?

Tout est affaire d’équilibre et de mesure nous dira-t-on. De culture aussi. Les conditions dans lesquelles sont tenues les femmes du tiers monde, l’absence de planning familial, de moyens contraceptifs, le poids insupportable de la morale religieuse et du machisme, vont générer, le plus souvent dans les classes défavorisées, des familles nombreuses et misérables. Cette explosion démographique sans contrôle, soit individuel soit administratif, sera sans doute l’un des vastes problèmes planétaires envers lequel nous avons tout intérêt à nous armer. Les ressources étant naturellement limitées, l’approvisionnement en eau est au cœur du problème du Moyen-Orient et, toute proportion gardée, la surface des États concernés ne peut garantir un équilibre acceptable. Pourquoi dès lors ne pas regarder d’un œil neuf de gigantesques migrations de population vers les pays riches — mais adieu mon pays adieu mon clocher ça compte aussi . Ou une véritable mise en valeur des terres jusqu’à présent arides et infécondes ? Mais qui va se mettre au boulot, les populations locales légitimement préoccupées de leur subsistance ou les ONG occidentales dans les 4X4 rutilants ? Que faire des légions corrompues et de leurs petits marquis ?

Pas d’angélisme. Nous sommes contraints de vivre ensemble. C’est bien de nous-mêmes que viendront les solutions, une fois débarrassés du fardeau de la morale et des intérêts des fonds de pension. Les démocraties traditionnelles n’apportent aucune idée neuve et n’ont qu’un seul souci : celui de survivre. Alors tout changer pour que rien ne change ou la révolution sociale ?