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À nos lecteurs

janvier 1964.

Il existe trop de liens entre ceux qui nous lisent et nous pour que nous leur taisions nos difficultés et ce quelles nous contraignent à envisager.

Nous savons le soutien des amis du Monde libertaire, la participation de nombre d’entre eux à la souscription permanente, et d’aucuns pourraient s’étonner de nos soucis monétaires.

Qu’ils sachent qu’un journal comme le nôtre est un luxe quand la Liberté l’est aussi.

Même en disposant d’une rédaction intégralement bénévole, même en tenant compte du soutien de nos militants dans toutes les tâches matérielles et administratives, nos difficultés augmentent de jour en jour, en raison de la hausse constante des frais qu’occasionne la parution d’un périodique.

Que l’on considère que tous les journaux n’appartenant pas à la grande presse, et ne disposant pas des subsides de la publicité officielle ou occulte, sont pour la plupart disparus, que les organes des minorités politiques n’existent plus et que, lorsque le nôtre poursuit sa carrière, ce n’est que grâce aux efforts de tous : lecteurs comme militants, administrateurs ou rédacteurs.

Si, dans la disparition quasi-totale de tous les brûlots, Le Monde libertaire paraît toujours, c’est qu’il répond à un besoin, c’est que les anarchistes veulent se faire entendre en dépit de tout, c’est qu’ils veulent un organe pour crier leur indignation devant tous les dénis de justice, pour hurler leur révolte à la face des fascismes notoires ou larvés, pour dénoncer les démocraties complices et les dictatures du peuple ! Si notre journal est toujours vivant c’est aussi en raison de ce que les anarchistes comptes de sympathies et de résonances parmi les hommes libres qui y trouvent espoir et réconfort.

Cependant, malgré notre profond désir d’accomplir la mission dont nous nous sentons chargés par tous nos amis connus et inconnus, les exigences matérielles nous obligent, ou à réduire notre parution (huit pages au lieu de douze) ou à augmenter le prix de notre journal (un franc cinquante le numéro) ou enfin à nous adresser encore une fois à vous pour une tâche concrète :
Nous procurer parmi vos amis, parmi vos collègues, parmi vos voisins, parmi tous les hommes et toutes les femmes aspirant à la liberté, de nouveaux abonnés à notre journal.

Également, si vous le pouvez, de vous charger de sa diffusion soit en le plaçant à des amis, soit en le vendant à la criée.

De plus, de ne pas oublier notre librairie, de la faire connaître autour de vous, en rappelant que nous fournissons livres et disques de toute nature et de tout caractère.

Enfin de verser à notre souscription permanente, en comprenant bien que c’est à ce prix que nous pouvons paraître.

Faut-il spécifier que tout envoi, quelle que soit son importance, sera le bienvenu et que nous vous en remercions d’avance d’un même cœur, fidèles à notre formule « de chacun selon ses moyens » qui constitue la véritable égalité.

Nous savons que cet appel ne vous sera pas adressé en vain, nous savons que, comme nous, vous repousserez les solutions d’une diminution des pages ou de l’augmentation du numéro, nous savons que si Le Monde libertaire est financièrement un luxe, il est pour vous une nécessité, nous savons que vous ressentez, comme nous, l’impérieux besoin d’un organe libre dans une époque de servilité et que c’est au prix de la survie du nôtre qu’il nous est permis de ne pas désespérer de l’avenir des hommes.

D’avance merci !