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Chronique des bas-fonds

Bavure plus récidive

Le jeudi 17 avril 1997.

Un billet d’humeur signé l’Atèle paru dans le Monde libertaire du 20 juin 1996 nous vaut les poursuites du ministère de l’Intérieur. Des policiers y étaient qualifiés de « parents douteux »… Nous allons vous livrer jusqu’au jour du procès, des informations, des faits concernant les nombreuses bavures pour lesquelles il n’est pas question d’émettre de doute…



Il y a des fois où la justice et la police ne sont pas copines. Allez savoir pourquoi, pour une fois, la police n’a pas eu le dernier mot. En effet, Le Canard enchaîné rapporte dans son numéro du 1er novembre 1995 qu’un « haut magistrat de la cour d’appel de Paris [a] adressé par ordonnance une volée de bois vert au préfet de police de la capitale. Ce dernier est accusé de détention arbitraire, violation d’une décision de justice et dissimulation de documents ». Fichtre.

Gageons que le Sieur a eu le bras suffisamment long pour… essuyer sa bavure.

L’histoire est la suivante : un algérien contre lequel un arrêté de reconduite à la frontière est prononcé « fait appel et, le 23 octobre, le président de la 11e chambre de la cour, Philippe Texier, ordonne sa mise en liberté. »

Mais le préfet de police, au lieu d’exécuter la décision de justice, récidive. Pas moins de quatre heures après la décision du juge Texier, il renvoie le malheureux au trou et c’est en toute illégalité qu’il signe à nouveau un arrêté de reconduite à la frontière. La galère repart à zéro pour l’Algérien persécuté qui est remis en centre de rétention. Il refait appel et, comble de malchance pour le haut fonctionnaire de police dissimulateur, la dossier revient le 26 octobre vers… le même juge ! « Lequel découvre que le préfet [de police] s’est ouvertement payé sa tête »… L’Algérien concerné aura sans doute bénéficié — pour une fois — d’une guéguerre entre un magistrat et un préfet de police puisque la deuxième ordonnance du juge Texier est copie conforme de la première : (re)mise en liberté pour le quidam !

Le juge, dans cette ordonnance, « rappelle sa précédente décision de mise en liberté… [il] constate aussi que le préfet a oublié de joindre au dossier la première décision. Non content de violer une décision judiciaire, écrit-il, le préfet de police a tenté de tromper la justice en présentant un dossier incomplet. »

Décidément, quel que soit le grade, on dirait que la fonction [de police] est bien salissante : on s’en fout plein les mains à force de baver et hop, il s’en faut d’un rien pour que le stylo dérape et nous signe deux fois de suite une reconduite.

À la semaine prochaine pour de nouvelles aventures, en direct des fonctionnaires « baveurs ».

Le fouineur