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Le Futur appartient à la démocratie directe !

octobre 2006.

Au sens commun la notion de démocratie est souvent assimilée à la tenue régulière d’élections avec plusieurs candidats au suffrage universel. L’aspiration à plus de justice, d’égalité, de liberté est à la source du sentiment que la démocratie est une nécessité. Oui, mais voilà, les élections ne sont pas si libres qu’on leur en donne l’air et le suffrage n’est pas si universel que ça. Bon nombre de citoyens se posent de sérieuses questions et vont même jusqu’à se détourner des isoloirs, déçus par l’abime qu’ils constatent entre la démocratie idéalisée et le spectacle offert par les bateleurs de la politique.

Le phénomène est pris au sérieux par les responsables des appareils politiques qui s’attachent sans relâche à redorer le blason de la machine électorale. Pour mythifier toujours plus la démocratie ils s’acharnent à mystifier l’électeur en lui vendant toujours plus de démocratie. Un des produits très à la mode depuis quelques années est la "démocratie participative" mise en avant par de plus en plus de municipalités soucieuses avant tout de capter et de fidéliser leurs électeurs. À grands renforts de sites web, on présente les forums, conseils et autres comités de quartiers organisés sous la houlette des conseils municipaux, régionaux ou généraux. Du conseil régional de Poitou-Charente aux comités de quartiers d’Ivry-sur-Seine ou de Dijon il s’agit de faire croire aux citoyens que ce sont eux qui décident. Il n’y a pas besoin de gratter beaucoup pour s’apercevoir qu’on ne fait que les consulter : au bout du compte ce sont toujours les élus qui décident et personne d’autre. Les lycéens de Poitou Charente ne doivent pas se faire d’illusion, Ségolène Royal et ses collègues ne les laisseront pas décider à leur place du budget des lycées et autres équipements collectifs… À Porto Alegre au Brésil, en République Dominicaine, au Venezuela c’est pareil : les pauvres sont associés à la gestion de leur propre misère et les décisions se prennent ailleurs, dans les palais gouvernementaux ou dans les bureaux des magnats du coin.

Alors démocratie participative ? Disons plutôt démocratie consultative…

La souveraineté du peuple, cette vertu emblématique de la démocratie, est foulée aux pieds par tous les élus qui, une fois qu’ils ont gagné leur siège, font ce que bon leur semble, tout en prenant soin de convaincre le citoyen qu’il a la chance de vivre sous un régime qui est la forme achevée de la démocratie : il n’y aura jamais mieux, c’est la fin de l’Histoire… Pour bien ancrer cette certitude, on endoctrine le futur citoyen au catéchisme de la République : éducation civique, conseils municipaux des enfants, conseils régionaux et généraux des jeunes. La propagande est servie dès le plus jeune âge.

Un peu d’observation, un peu de sens critique, font vite voir que le pouvoir au quotidien n’est pas dans les mains du peuple. Hors de tout contrôle citoyen, les Etats créent leurs institutions politico-économiques au sein desquelles se prennent les décisions à portée et à conséquences planétaires. L’ONU, l’OMC, l’OPEP, le G7, le G8 battent la mesure pour l’ensemble du globe terrestre sans rendre le moindre compte aux citoyens du monde. Les représentants des démocraties (des plus populaires aux plus libérales) et des dictatures (des plus molles aux plus féroces) s’y retrouvent et y fonctionnent la plupart du temps sans trop de gêne : le pouvoir adoucit les mœurs de ceux qui l’exercent…

Bien plus que le pouvoir politique, le pouvoir institutionnel régit nos vies. Les Etats et leurs gouvernements, le patronat s’appuient sur les institutions de coercition et d’aliénation telles que l’Armée, la Justice, la Police, les Religions, pour mener des politiques d’injustice sociale et d’exploitation. À ce niveau là, les élections ne représentent rien ou alors si peu…

Que feront donc en 2007 ceux qui ont voté Chirac pour barrer la route à Le Pen en 2002 ? Voteront-ils PS pour barrer la route à Sarkozy ? Sarkozy pour barrer la route à Le Pen ? Voilà à quelles lamentables alternatives nous mène notre démocratie représentative. Voilà à quels choix pitoyables se condamnent les acharnés du bulletin. En se rendant aux urnes ils ont déjà perdu ! ! !

Les capitalistes, les assoiffés de pouvoir, les fascistes le savent bien, eux qui participent de toutes les entreprises électorales, et passent le reste du temps à nous exploiter, à nous spolier, à nous aliéner, à nous agresser, … en toute impunité !

Alors quand nous lançons le slogan « Agir au lieu d’élire », il est question pour nous de replacer la « politique » et la transformation sociale là où elles auraient toujours dû rester : dans les mains de celles et ceux qui en sont les véritables acteurs…

Jérôme — Toulouse