Les pays dominés sont l’ensemble des pays du Tiers-Monde. Pour ne citer que deux exemples : tout d’abord le Vietnam du sud qui, avant le départ des Américains « possédait » une économie ou plus explicitement un appareil de production qui faisait que le niveau de vie était plus élevé au sud qu’au nord du Vietnam. Mais cela était dû essentiellement à la présence de capitaux américains et autres, à tous les échelons de l’appareil productif sud-vietnamien, d’où le côté tout à fait artificiel de l’économie sud-vietnamienne. Il n’existait pas d’économie sud-vietnamienne à proprement parier. La preuve en est que lorsque les Américains se sont retirés du Vietnam du sud, et avec eux leurs capitaux, la soi-disant économie sud-vietnamienne s’est effondrée. Une des tâches de l’actuel Vienam, non la moindre, est de développer le peu d’économie qui existe au nord et d’en construire une au sud.
Notre second exemple, l’Iran, diffère du premier par le fait qu’il avait commencé à se doter d’un embryon d’appareil productif susceptible de lui conférer une certaine autonomie, surtout en temps de crise, particulièrement propice à la rupture des liens de subordination ; ce qui est arrivé. En contre-partie, l’Iran avait à jouer un rôle répressif au Moyen-Orient.
Il en va de même d’États comme l’Inde, l’Afrique du sud, le Brésil, Israël… Certains de ces États sont les valets de l’impérialisme dans la région du globe qu’ils occupent. D’autres sont eux-mêmes impérialistes (exemple Israël ).
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le capitalisme dans son en-semble se développe sous l’hégémonie des États-Unis. Les États-Unis pourvoient au développement des pays européens vainqueurs et vaincus et du Japon.
La domination des États-Unis s’étendit au monde entier (à l’exception de l’Union soviétique et des pays de l’Europe de l’est). Les États-Unis aidèrent à la reconstruction de l’Europe (plan Marshall), aide qui fut estimée et qui coûta à l’Europe, pour la seule année 1948, 5 milliards 75 millions de dollars.
L’endettement et le déficit dans les échanges avec le continent américain jouèrent le rôle de puissants stimulants pour les économies européennes et japonaise. Le Japon et l’Europe occidentale tirent un vigoureux effort de production pour développer les exportations en vue de rembourser les dettes contractées et de combler le déficit de la balance du commerce extérieur de chacun de ces pays. La croissance économique de ces pays s’en trouva accélérée et fut plus rapide que celle des États-Unis. Cela modifia sensiblement l’équilibre mondial. Il y eut l’ouverture sur le marché de l’Union soviétique et des pays de l’Europe orientale qui bénéficia, dans un premier temps, à l’Europe occidentale et au Japon, mais qui bénéficiera de plus en plus aux USA. De plus, l’impérialisme américain essuya une série de revers qui ont affaibli sa domination incontestée Chine (1949), Corée et Vietnam du nord (1948-1954), Cuba (1959), le reste de l’Indochine plus tous ces pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine où la lutte armée contre l’impérialisme est à l’ordre du jour.
La croissance économique plus forte des pays d’Europe occidentale et du Japon, l’ouverture sur le marché mondial de l’URSS et des pays d’Europe de l’est et la série de défaites qu’a subi les USA ont tendance à affaiblir considérablement la domination incontestée de l’impérialisme américain.
Des conflits armés inter-impérialistes sont-ils à envisager ? Des conflits inter-impérialistes sont à envisager, armés ou non, à moins que l’on assiste à un rétablissement de l’hégémonie amériaine au soin du monde capitaliste, qui reléguera au second plan ceux d’Europe occidentale et du Japon (ou encore à moins que les divers impérialismes japonais, européens et américain ne se confondent pour former le super-impérialisme).
L’impérialisme ne se contente et ne se borne plus, comme au XIXe siècle et au début du XXe, à des investissements de capitaux en ce qui concerne l’étranger, mais y implante carrément des activités de production (multinationales).
L’impérialisme n’est plus tel que l’avait défini Lénine. Nous assistons depuis déjà quelques décennies à la naissance d’un nouvel impérialisme (celui des multinationales).
Aspects économiques de l’Europe qu’on nous prépare
Depuis la 2e guerre mondiale, les firmes multinationales connaissent un essor important. À la différence des firmes du XIXe siècle qui effectuaient des investissements à l’étranger mais gardaient leurs activités de production dans un seul pays, les firmes multinationales d’aujourd’hui ont des activités de production dans plusieurs pays à la fois. Le fait qu’elles puissent étendre leurs activités de production dans plusieurs pays a contribué à les rendre moins exclusivement liées à un pays en particulier ; le pays d’origine pour le plus grand nombre d’entre elles. Elles n’en conservent pas moins des liens privilégiés avec lui.
Il faut reconnaître que l’Europe constitue depuis plus de 20 ans une zone d’expansion des firmes multinationales américaines. Il faut en chercher les raisons.
Au-delà des motivations apparentes des investisseurs américains, les firmes américaines ont profité d’une avance technologique héritée de la 2e guerre mondiale (l’économie américaine a été protégée des bouleversements et destructions de la guerre) pour s’imposer sur les marchés.
Elles ont cherché à le faire en raison de la saturation relative du marché américain. Elles l’ont fait sous forme d’implantation d’activités de production et non en exportant en Europe à partir des États-Unis les coûts de production étaient plus bas en Europe (salaires de la main-d’œuvre qualifiée ou non, moins élevée qu’aux États-Unis). De plus, l’Europe c’est un marché de 200 millions d’habitants au niveau de vie élevé.
Or l’Europe et le Japon ont rattrapé leur retard, surtout technologique et ont reconstruit leurs économies. Les multinationales européennes et japonaises concurrencent fortement les multinationales américaines.
Si l’on considère, pour chacun des 13 secteurs principaux de l’industrie, les 12 premières firmes mondiales sur les 156 multinationales considérées en 1959 : 98 étaient américaines (soit 63 %), 40 européennes (soit 26 %) et une seule japonaise. En 1974, le classement est profondément modifié : 67 sont américaines (43 %), 57 européennes (37 %) et 24 japonaises.
En 1975, l’Europe a exporté plus de capitaux que les États-Unis.
Cependant, les multinationales américaines ont su tirer l’avantage de l’ordre assuré eu sein du monde occidental par l’hégémonie américaine. Une date : la signature du traité de Rome stipule que les mouvements de capitaux seront libres et qu’il n’y aura aucune discrimination de la part d’un pays membre de la communauté européenne économique dans leur traitement, du moment qu’ils proviennent d’un pays de la CEE. La libération du mouvement des capitaux, en principe inconditionnelle, l’est pour les mouvements de capitaux à court ou moyen terme : possibilité de contrôle des changes, etc. Possibilité pour tout ressortissant de la CEE de s’établir commercialement, industriellement, ou pour le prestation de services (médecine, pharmacie, transport, assurance, services juridiques…) n’importe où dans la CEE. Mais liberté qui se heurte à le non-reconnaissance mutuelle des diplômes et le non-coordination du droit des sociétés (il n’existe pas de société anonyme de droit européen). Entendez par libre circulation des capitaux aussi bien ceux de firmes multinationales européennes que ceux de filiales multinationales américaines ou d’autres pays.
Les États-Unis voyaient et continuent de voir d’un bon œil le Traité de Rome qui leur permet d’engouffrer en Europe autant de capitaux qu’ils le désirent. Les investissements US dans la CEE à Six ont cru à partir de 1958 au rythme fantastique de 18,5 % par an. La part de la CEE dans le total des in vestissements américains à l’étranger est passé de 5,9 % en 1955 à 14 % en 1966.
Une seconde date, celle du retour à la convertibilité des monnaies occidentales en 1958. Les années 60 auront été l’âge d’or de l’investissement américain en Europe.
Aujourd’hui, on assiste à une remontée spectaculaire des firmes multinationales européennes et japonaises parmi les 500 premières. La dévaluation constante du dollar rend plus difficiles les implantations américaines en Europe parce qu’elles restent financées en partie en dollars.
On voit se dessiner de nouvelles zones monétaires et se développer celle de l’euro-mark et de l’asio-yen.
De même, le déficit de la balance des paiements des États-Unis n’est plus qu’un problème mineur pour les capitalistes américains. Il peut mener à des pressions gouvernementales sur les filialies américaines en Europe pour qu’elles rapatrient leurs bénéfices. Elles réinvestiront moins sur place.
Enfin l’« ascension » des salaires européens rend l’Europe actuellement moins attirante et moins accessible aux multinationales américaines et favorise donc l’essor des européennes.
Tous ces faits conjugués font que depuis cinq ou six ans la situation semble s’être renversée en ce qui concerne l’investissement de capitaux en Europe en faveur de pays appartenant à la CEE tels que la France, la Grande-Bretagne, la RFA et les Pays-Bas.
Le désir de tenir tête à la concurrence américaine amène les grandes sociétés européennes (ou multinationales européennes qui bénéficient du soutien effectif et actif de larges franges des bourgeoisies européennes) à être les protagonistes et les partisans les plus résolus de la consolidation de la CEE voire mémo d’un renforcement des organes supra-nationaux en son sein. Par contre, les autres sociétés (sociétés plus faibles, entreprises familiales…) préfèrent souvent la solution qui consiste à se laisser absorber par les grandes sociétés américaines. Elles s’en remettent mains et poings liés au capital américain.
L’absence dans le traité de Rome de toute disposition concernant une éventuelle « politique industrielle » n’a cessé d’être dénoncée et ouvertement critiquée par les secteurs des bourgeoisies européennes les plus favorables à l’intégration. Il n’a été pris de dispositions que pour des secteurs industriels en crise (sidérurgie, textiles, construction navale, raffinage pétrolier…). La Commission de Bruxelles et son commissaire aux questions industrielles Davignon, s’en sont chargé.
Certes de nombreuses mesures ont été prises pour tenter d’abolir les obstacles techniques è une accumulation efficace du capital à l’échelle de la CEE. Mais ces mesures sont encore insuffisantes. Ce qu’il faudrait c’est une réelle volonté politique pour que cette intégration puisse se faire en profondeur.
Cette volonté politique ne peut s’exprimer qu’à travers l’élection au suffrage universel du parlement européen (parlement qui existe d’ores et déjà). Le Parlement est un organe essentiellement communautaire ; le seul avec le Commission à être complètement et activement intégré. Cela tient à sa composition (98 membres directement issus des parlements nationaux). Les moyens d’action du Parlement sont triples un pouvoir consultatif, un pouvoir de contrôle, un pouvoir financier.
Il s’agit non seulement d’obtenir l’approbation mais aussi d’associer les peuples européens aux noirs desseins des capitalistes du monde en général et avant tout des capitalistes européens. Desseins qui consistent à favoriser une meilleure accumulation du capital au niveau européen. Pour cela, il faut vitablement accélérer le processus déjà engagé de restructuration et de rationalisation des économies européennes. Ce qui laisse prévoir pour l’avenir un accroissement du chômage et un abaissement du pouvoir d’achat dans toute l’Europe.
Ce qui veut dire clairement que nous avancerons à pas de géants dans la crise à la plus grande joie et au plus grand profit des capitalistes de tous poils.
Groupe libertaire de Valenciennes