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éditorial du nº 1811

novembre 2019.

par le CRML



Le futur au conditionnel

Bonjour à tou.te.s nos lectrices et lecteurs,

À l’heure d’extinction rébellion, de la convention pour le climat, des marches pour le climat, des rapports d’expertise du GIEC, des prises de positions des médias, des intellectuels, des adolescents et des personnalités publiques, le réchauffement est omniprésent. La question climatique s’invite en effet, ou plutôt s’impose, au vu de sa gravité, dans tous les débats. Il est difficile de s’en étonner au vu de l’infinie diversité des enjeux : consommation individuelle, modes de transports, alimentation, modes de productions, science et technologie, tout cela renvoie plus généralement au fait que l’entièreté de notre société a été pensée sur le mode de la production et de la domination de l’homme sur la nature (comme continuation de la domination interindividuelle comme l’a justement souligné Murray Bookchin).

De ce fait les discours essaiment. Collapsologie et théories de l’effondrement, écologie profonde, écologie radicale, capitalisme vert, communalisme libertaire, tous ces discours envahissent l’espace public (certains plus que d’autres), et l’écologie devient peut-être LE problème politique de notre époque. Nous ne pouvons que nous en réjouir. Mais dans cette multiplication de discours sur l’écologie transparaissent les différents discours sociaux, véhiculant tour à tour les appels à l’autoritarisme, les positions eschatologiques, les mythes d’une nature personnifiée, les défenses d’une société capitaliste, le retour aux communes. Il y a donc autant de discours écologistes que de positions politiques. Si l’écologie est un champ de bataille il apparaît alors qu’il est tout aussi important de tirer les bonnes conséquences du diagnostic climatique (désormais indiscuté scientifiquement – si ce n’est par quelques personnes isolées), que de critiquer les mauvaises solutions qui sont apportées. Comment faire entendre alors les positions anarchistes, et peuton faire émerger une position anarchiste fédérant les militants et sympathisants, et à même d’entraîner les climato-actifs.

Ce numéro, on s’en doute, n’apporte pas de réponse unique ou définitive à ces questions, mais, nous l’espérons, fertilise un débat qu’il est urgent d’entreprendre, en déplaçant le regard parfois derrière les miroirs et en interrogeant aussi bien nos pratiques individuelles que nos pratiques sociales et collectives.

Bien sûr dans ce numéro vous trouverez également de quoi nourrir vos autres intérêts : lutte contre le féminicide, histoire de l’anarchisme, critique des élections, nouvelles internationales, mutuellisme, comptes rendus de lecture.

Si le ML a fait peau neuve (vous remarquerez les modifications dans la mise en page et l’impression !), le contenu demeure.

Bonne lecture,

le CRML