La sale et terrible maladie vient de nous enlever notre cher camarade de combat Bertrand, militant anarchiste qui a été un des militants de la première heure de la lutte pour la régularisation de tous les sans-papiers et de la naissance du CSP59.
De 1996 aux années 2000, Bertrand a été une des chevilles ouvrières de toutes les occupations des sans-papiers.
> En 1996, c’est Bertrand qui monte au créneau et sort de son calme olympien pour exiger le respect par certains soutiens de la décision des 13 parents d’enfants français de poursuivre leur grève de la faim parce que la loi disait « carte de 10 ans aux parents d’enfants français » et non « carte d’un an » que le préfet avait accepté de leur remettre.
> C’est lui qui passe une nuit entière dans le local de la MNE (Maison de la nature et de l’environnement. ndlr) pour ouvrir à plus de 150 sans-papiers la porte sur le côté pendant que toutes les portes d’accès étaient barricadées par les CRS.
> C’est lui aussi qui pénètre dans les locaux de l’ex-mission locale de Lille Moulins pour que plus de 300 sans-papiers l’occupent avant d’être évacués manu militari par l’assaut des CRS le lendemain.
> C’est encore lui qui, de 1997 à 1999, au CHR - pavillon Denis Cordonnier, participe à l’organisation de toutes les actions militantes des sans-papiers y compris la logistique des grèves de la faim.
> C’est aussi lui qui organise des occupations militantes d’Air France, de locaux divers et variés sans les sans-papiers pour protester contre les arrestations, les expulsions ou les maltraitances des grévistes de la faim.
En lien avec les squatteurs, Bertrand participait à l’organisation de concerts de solidarité avec les sans-papiers en lutte.
Les sans-papiers en lutte sont redevables à Bertrand dont l’engagement dans leur combat a permis à des moments où
beaucoup pensaient que c’était sans issue de sortir de l’impasse.
Bertrand aussi reçut des coups lors des répressions subies par les sans-papiers lors des évacuations musclées par les CRS. Bertrand a été pour les premières générations des sans-papiers en lutte, avec d’autres dont nous tairons les noms, la personnification même de l’antiraciste, de l’antifasciste, de l’internationaliste qui s’était entièrement mis au service du combat pour les papiers pour tous.
On peut le dire maintenant : Bertrand faisait partie d’une équipe restreinte de confiance de l’Assemblée générale du CSP59 que l’on peut qualifier de « Section des actions secrètes » chargée de préparer en amont les occupations des sans-papiers des locaux publics ou patronaux qui ont eu durant la période 1996 à 2000 la « visite » des sans-papiers.
Bertrand vient de nous quitter à 52 [53] ans, ça fait mal, très mal à nos cœurs et à nos esprits, le CSP59 est en deuil. Il rejoint pour nous les Luc, Béatrice, Rudolph, Jean Marc, Suzanne, Raymonde, Lola qui ont été des militant(e)s du CSP59 dont le poète africain a dit « les morts ne sont pas morts » parce que tous les mercredis 18 h, place de la République, parvis des Droits de l’Homme, vous serez avec nous pour crier dans votre silence éternel : RÉGULARISEZ TOUS LES SANS PAPIERS !
À Anne sa compagne et ses deux enfants, le CSP59 présente ses condoléances les plus attristées.
À Bertrand, nous inclinons la banderole des papiers pour tous et le poing de la lutte qui continue !
30 octobre 2021