Pour que l'égalité des droits inscrite dans la loi soit une égalité pratiquée dans la vie

Voici le texte de la plate-forme adoptée lors des Assises nationales pour les droits des femmes. Si certaines camarades y ont participé, d’autres avaient au contraire refusé de s’y rendre afin de ne pas se compromettre dans une grand-messe à vocation politicienne. Nous laisserons aux lecteurs - et lectrices - le soin de voir qui a fait le bon choix.

Pendant plus d’un an, un Collectif national comprenant 166 associations, syndicats, partis politiques et collectifs locaux a recueilli les témoignages de plusieurs milliers de femmes et préparé en commission des Assises nationales pour les droits des femmes. La lutte pour les droits des femmes set inscrite dans le mouvement social.

Les Assises ont permis de mesurer l'écart qui se creuse entre les conditions de vie des femmes et leurs aspirations, de constater une régression dans l’application de droits qui semblaient acquis ainsi que la persistance d’inégalités séculaires.

Les femmes sont les premières concernées par le travail à temps partiel imposé, le chômage et la précarité qui minent les bases économiques de leur indépendance.

Leurs droits récents à disposer de leurs corps et à décider de leur maternité sont remis en cause, tant par les réductions des dépenses de santé que par des propagandes obscurantistes et une politique nataliste et familialiste.

Bien qu’elles aient dénoncé et rendu plus visibles les violences dont elles sont l’objet, celles-ci perdurent.

Le principe d'égalité est reconnu par la loi, mais dans la pratique de la vie privée, sociale et politique, il en va tout autrement. Leur exclusion de la sphère publique et politique demeure une injustice criante.

La France n’applique pas les engagements qu’elle a contractés lors de la Conférence mondiale sur les femmes à Pékin.

Au Nord comme au Sud, les femmes refusent la mainmise sur leurs conditions de vie et développent des actions de résistance et de solidarité.

Par son refus des retours en arrière, par sa détermination à faire de l'égalité une réalité, la lutte pour les droits des femmes est un vecteur essentiel de la démocratie. Or, celle-ci est non seulement en recul, mais menacée dans son existence même. Le chômage augmente, la précarité s’accroît et le Front national avance dans les urnes et dans les têtes.

C’est pourquoi, les organisations signataires partie prenante de ces Assises demandent l’application des lois existantes en faveur de l'égalité et du respect des droits des femmes et mettront tout en œuvre pour obtenir dans l’immédiat satisfaction sur les points qui suivent.

Droit au travail

La reconnaissance du droit au travail des femmes constitue le point central de nos revendications, ce qui nécessite de s’opposer aux plans de licenciement.

Pour le droit des femmes à un emploi à plein temps, qualifié et valorisant qui garantisse leur autonomie financière :

Réduction massive et immédiate du temps de travail à 32 heures pour toute et tous (sans réduction de salaire, sans intensification du travail et sans contrepartie en terme de " flexibilité ", avec embauches compensatoires).

Ceci implique la suppression de mesures qui concernent particulièrement les femmes.

Mais aussi :

Une réelle égalité des femmes face à l’emploi leur permettra de ne pas quitter le marché du travail pour des incitations financières telles que l’Allocation parentale d'éducation. En effet, la précarité ne leur laisse guère le choix.

Droit à la dignité

Pour lutter contre la déchirure sociale et la précarité :

Droit à la citoyenneté pleine et entière

Les femmes ne sont toujours pas considérées comme des citoyennes à part entière, ce qui favorise et renforce les autres atteintes à la démocratie. Le défense de la citoyenneté politique et sociale passe pour elles par la laïcité de l'État et de l'école car elle permet la liberté de conscience, la tolérance, l'égalité, la solidarité, la justice sociale et de lutte contre le sexisme, le racisme et toute forme d’exclusion. Par son projet d'émancipation, elle relie l’individu à un projet collectif. Nous luttons contre tous les intégrismes et soutenons les luttes des femmes qui en sont victimes.

Nous portons l’exigence de parité qui s’exprime dans la société. La parité est un des moyens de construction d’une réelle égalité. LA question de mesures volontariste (loi, quotas, règles de fonctionnement, selon le type d’instance) est donc posée. Nous rejetons la proposition scandaleuse d’A. Juppé. Nous réaffirmons que l'égalité s'établira par la construction d’un rapport de forces dans nos luttes.

Pour une citoyenneté ouverte et plurielle :

Droits de la personne

Pour mieux lutter contre les violences :

Pour l’autonomie des femmes dans la vie publique comme dans la vie privée :

Pour le droit de choisir sa sexualité, son orientation sexuelle et pour lutter contre les représentation normatives des rôles sociaux de sexe :

Droit de choisir et droit à la santé

Pour le droit de choisir ou refuser la maternité :

Pour la prise en compte de la spécificité de la santé des femmes :

Solidarités internationales

Pour soutenir toutes les femmes de la planète qui résistent aux guerres, aux violences, aux intégrismes, à la pauvreté, aux discriminations sexistes et racistes :

Pour la paix, une Europe des droit et des libertés :

Les dangers que connaissent les unes nous menacent toutes. Les victoires des unes sont des victoires pour toutes. Fortes de nos expériences, dans la diversité de nos situations, notre espoir est dans la solidarité.