A propos du compte rendu de Philippe Pelletier (Monde libertaire n° 1065 ) sur louvrage de John Clark, " La pensée sociale d'Élisée Reclus, géographe anarchiste ". La réponse de lauteur.
Selon Philippe Pelletier, il faudrait " plus dun article pour relever toutes
les erreurs, mésinterprétations " etc. de mon livre sur Élisée Reclus.
Apparemment, il lui faudrait " plus dun article pour relever " chacune de
celle-ci, car sa discussion trahit bien plus ses propres fantasmes concernant un certain
" écologisme " surgi de sa propre imagination, que quoi que ce soit, de vrai ou
de faux, à propos de louvrage en question. Il semble que Pelletier ait absorbé le
genre de non-sens contenu dans la tirade mal renseignée de Luc Ferry contre " le
Nouvel ordre écologique ", et quil nait plus besoin de prendre la peine
de penser réellement nimporte quelle idée écologique quil a choisi de
diffamer.
Pelletier commence immédiatement par égarer le lecteur en impliquant que je soutiens le
point de vue erroné, et effectivement absurde, que toute activité humaine est
nécessairement destructrice de la " nature ". Il informe généreusement le
lecteur que " pour Reclus, laction de l'homme sur la nature nest pas
néfaste en soi ".Bien entendu, non seulement je nimplique pas que Reclus
soutient une pareille vision, mais je considère celle-ci comme totalement incohérente.
Ainsi que je l'étaye dans le livre, je défends la position dialectique, holistique, qui
considère l'humanité comme étant nature, elle aussi, et laction humaine comme
étant la nature agissant sur elle-même. Quune action humaine particulière soit
" néfaste " ou non ne peut être déterminé que par une considération
soigneuse des conséquences sociales et écologiques de cette action. Pelletier fait
perdre du temps au lecteur avec cette déclaration supposée lumineuse que Reclus
considère " le danger que représentant les diverses destructions de la nature pour
l'humanité et pas seulement pour la nature elle-même, ce qui l'éloigne dune
position "biocentrique". " Cette affirmation illustre
linaptitude abyssale de Pelletier en tant que lecteur. Du fait que je soutiens que
Reclus contribue à une position holistique, qui ne divise pas les phénomènes de
manière dualiste, ceux qui se relieraient à l'humanité et ceux qui se rattacheraient à
quelque " nature elle-même " extérieure, son commentaire est entièrement sans
fondement car il mattribue une position que je nai pas. De plus, si des
partisans de l'" écologisme " générique, que des idéologues comme Luc Ferry
et Philippe Pelletier attaquent à la fois de manière indiscriminée et ignorante, se
font les avocats du " biocentrisme ", tel nest pas mon cas. Jai
toujours considéré cette position comme étant en contradiction avec elle-même, non
dialectique et non écologique, et jai critiqué sa logique dans mes écrits.
Pelletier ne peut, bien sûr trouver aucun passage où jattribue une telle position
à Reclus. Et je ne soutiens ni nattribue non plus à Reclus aucun point de vue
prétendument réfuté par la révélation de Pelletier que la seule " conformité à
la nature " reconnue par Reclus " nest ni passive ni oppressive, ni subie.
" Une fois de plus, Pelletier impose à mon texte ses propres fantasmes dun
" écologisme " misanthropique et dangereux, dans lequel les êtres humains se
soumettent passivement à quelque " Nature " extériorisée et fétichisée.
De manière peu surprenante, Pelletier ne se préoccupe pas de citer des passages à lappui des critiques extravagantes précitées. Quand finalement il cite quelque chose que jai écrit, cest seulement par une partie de phrase hors de contexte et, de ce fait, il en détourne le sens. Il prétend que " contre la vérité " jaffirme que Reclus est passé " dun point de vue centré sur les humains à une perspective centrée sur la Terre. " La phrase complète doù ceci est extrait déclare que la position de Reclus est inhabituelle pour son époque, en raison du " degré " d'écart de son point de vue, qui se déplace dun centrage exclusif sur l'humanité pour se fixer sur la Terre laquelle, comme Pelletier préfère lignorer, inclut l'humanité. Mon interprétation précise de la position de Reclus est clairement affirmée dans la phrase antérieure à celle citée partiellement par Pelletier : " sa géographie sociale constitue réellement un grand pas vers lincorporation totale de l'humanité dans la vie et l'histoire de la planète. " (p. 33)
Pelletier suggère de consulter la préface de L'Homme et la Terre pour connaître les vues véritables de Reclus qui, assure-t-on, " vont dans le sens contraire " de ma représentation de ces idées. Pourtant, dans cette préface, Reclus exprime exactement la position dialectique et holistique que je lui attribue. Il est significatif quil inaugure la préface par cette déclaration : " L'Homme est la Nature prenant conscience delle-même. " En outre, il déclare que " nous pouvons reconnaître le lien intime qui rattache la succession des faits humains à laction des forces telluriques : il nous est permis de poursuivre dans le temps chaque période de la vie des peuples correspondant au changement au changement des milieux, dobserver laction combinée de la Nature et de l'Homme lui-même, réagissant sur la Terre qui la formé " (L'Homme et la Terre, I, II). Je conclus ce chapitre introductif du livre avec la déclaration que l'uvre de Reclus est " un compte rendu mêlant l'histoire naturelle et l'histoire humaine et aussi l'histoire de la nature prenant conscience delle-même ", et jinclus un long chapitre sur la vision dialectique de Reclus sur la relation entre la nature et la culture. En résumé, contrairement aux tentatives maladroites et transparentes de Pelletier pour présenter ma position sous un faux jour, je rejette constamment toute division dualiste entre l'humanité et la nature, et je défends la pensée de Reclus comme une avancée majeure vers l'élimination dun tel dualisme.
Pelletier présente ensuite la révélation que Reclus est " hostile à toute position strictement malthusienne ". Et moi aussi, contrairement à une autre tentative de déformation de la part de Pelletier. Je rejette toute pensée qui abstrait des déterminants de leur contexte social et écologique. Le malthusianisme prend la population comme une variable indépendante qui peut être comparée de manière simpliste à des " ressources " qui sont, elles aussi, abstraites de leur contexte social et écologique. Il est bien établi que la croissance de la population globale est liée à des réalités telles que la subordination des femmes, un haut niveau de mortalité infantile, de mauvaises conditions de santé, des idéologies sociales et religieuses réactionnaires, une marginalisation économique et à linteraction dautres conditions sociales. Le malthusianisme néglige tout cela et traite la population comme une simple relation entre des nombres humains et des prétendues " ressources ". Cependant, un rejet du malthusianisme nimplique pas pour autant ladoption dun dogmatisme similaire, qui refuse de considérer la signification de la population à lintérieur de lensemble social et écologique. Il nexiste aucune raison objective de mettre à l'écart le rôle de la population dans la crise sociale et écologique, ou de considérer comment la croissance de la population peut contribuer aux tensions écologiques, même dans l'hypothèse où nous irons vers un ordre social plus juste. Bien sur, Pelletier n'éprouve aucune patience devant une telle complexité. Dans son esprit doctrinaire manichéen, si lon prend la population comme facteur danalyse des conditions sociales et écologiques, on est tout simplement malthusien.
Pelletier retombe dans la stratégie traditionnelle des idéologues quand il argumente fallacieusement que, comme jexamine les risques posés par une augmentation de la population, et que quelques réactionnaires discutent de tels dangers, cest donc que je soutiens des idées réactionnaires. Pourtant, ces arguments ad hominem si peu subtils peuvent fonctionner dans les deux sens. Dans son opposition a une réflexion raisonnée sur le rôle de la population dans la crise écologique, il sallie aux fondamentalistes religieux qui invoquent le principe " croissez et multipliez-vous ", et celui des théoriciens " cornucopiens " capitalistes, qui prônent lidée dune croissance illimitée et louent une population humaine en rapide croissance comme étant une " ressource de valeur ". Heureusement pour Pelletier, je nutiliserais jamais un tel argument contre lui.
Pelletier travaille sous lillusion que je suis " imprégné du discours antiscientiste de la deep ecology anglo-saxonne ", pour citer un passage qui aurait pu être mot à mot dérobé du tract mal informé de Luc Ferry, et pour lequel il ne peut, bien entendu, donner aucune preuve. Ceux qui connaissent la deep ecology par l'étude, plutôt que par l'écoute de vagues rumeurs, savent que cest un terme générique, qui couvre des théories qui ont des visions fort diverses de la science, certains dogmatiques et antiscientifiques, dautres scientistes et réductionnistes, dautres enfin qui sont équilibrées et critiques. Il ny a pas de discours typiquement " antiscientifique " dans la littérature de l'" écologie profonde ". On trouvera une critique permanente du positivisme, du scientisme, de la technocratie dans lensemble relativement large de mes écrits, mais une critique de ces abus ne signifie pas pour autant que lon rejette la science.
Si pelletier simagine être un courageux défenseur de la science, il se révèle de toute évidence comme un ennemi de la logique. Il soutient que, puisque Reclus " connaissait Ernst Haeckel, le créateur du vocable "écologie" et "combattait ses idées" ", cela réfute mon assertion que la pensée de Reclus a de fortes dimensions écologiques. Mais cela est absurde. La question du lien de Reclus à la pensée écologique ne peut être traitée que par un examen critique tant des idées de celui-ci que de la tradition de la pensée écologique. Elle ne peut trouver sa réponse dans une comparaison simpliste entre Reclus et un écrivain, même sil sagit de Haeckel, qui peut en effet avoir inventé le mot " écologie " mais qui na pas pour autant un brevet exclusif sur l'histoire entière du concept.
Lignorance de Pelletier devient plus évidente à mesure que se poursuit son " compte rendu ". Il ne connaît absolument rien de lorigine ou de lusage du terme " holisme " puisquil imagine que cest un terme récent dorigine anglo-saxonne. Le premier ouvrage important à utiliser le mot a été Holism and Évolution, publié en 1926, dont lauteur est Jan Christian Smuts, penseur qui nest ni récent ni anglo-saxon, et dont je rejette linterprétation, si Pelletier veut bien me le permettre. Durant la plus grande partie de ce siècle, il y a eu un débat très large concernant diverses conceptions du holisme. Pelletier sera surpris dapprendre que quelques-uns de ses ennemis, les théoriciens des droits des animaux, ont été parmi les plus véhéments adversaires du holisme que, de façon irresponsable, ils traitent de " fasciste " parce que, de leur point de vue, il ne défend pas adéquatement les " droits " des animaux particuliers. Pelletier lui-même se hâte de relier le holisme à la ségrégation ethnique, division de la classe ouvrière, conservatisme naturel et social, et sans doute à l'échec de la Révolution espagnole. Il peut retrouver son image spéculaire dans ces astucieux politologues qui réfutent lanarchisme en notant que, dans leur version du dictionnaire, ce dernier signifie exclusivement le chaos et le désordre.
Il en vient ensuite au concept prétendument menaçant de " frontières naturelles " ou " limites ". Mon texte reconnaît clairement la validité de lopposition de Reclus à lidée dutiliser les régions naturelles " comme prétextes pour ériger des barrières restrictives entre les gens, entravant ainsi leur liberté dassociation ". Cependant, Pelletier ne tient aucun compte de tout ce que j'écris sur le sujet et commence immédiatement à jacasser au sujet " des frontières " qui sont " des obstacles totalement artificiels ", et sur le fondement biorégional supposé d'" un demi-siècle de carnages pour la "ligne bleue des Vosges" et le "Lebensraum des Sudètes". " Cette position outrageante projette une lumière ironique sur les dénonciations hypocrites de Pelletier qui considère sue je suis prêt à utiliser " des moyens les plus malhonnêtes " pour relier Reclus à la pensée écologique !
Le radicalisme du biorégionalisme repose dans son rejet de tout concept de limites fixes, immuables, et sa critique des frontières politiques comme bases valides de lorganisation sociale humaine. Ainsi que le dit le poète écologique Gary Snyder dans son essai classique sur le régionalisme : " The place, the Region, and the Commons " : " Nous demandons comment lensemble de la race humaine peut regagner lautodétermination dans lespace après avoir été des siècles durant privée du droit de décider par la hiérarchie et/ou le pouvoir centralisé. Ne confondons pas cet exercice avec le "nationalisme", qui est exactement lopposé, limposteur, le pantin de l'État, le fantôme au large sourire de la communauté perdue ".
Et comme Max Cafard la exprimé clairement dans " The Surre (gion) alist Manifesto ", la région est un concept critique, antiautoritaire, déconstructif. Les régions nont, au sens politique, " ni bords ni bordures, ni frontières, aucune ligne étatique ". Cependant " les régions sont traversées par une multitude de lignes, de plis, de stries, de veines, de plissements. Mais toutes ces lignes sont inclusives, aucune nexclut. Les régions sont des corps. Des corps qui sinterpénètrent dans des espaces semi-simultanés ". Et contrairement à la caricature grotesque du biorégionalisme que fait Pelletier, " pour la région, il ny a ni État, ni Église, ni Race, ni Patriarcat, ni Capital ".
Pelletier na même pas la connaissance la plus superficielle de la pensée biorégionale, position fort commode pour ce spécialiste dans lart dattaquer des cibles purement imaginaires. Son exemple sur le Rhin comme " fleuve frontière " pour les " jacobins français " et les " pangermanistes allemands " est manifestement inventée pour son argumentation maladroite et fallacieusement fondée sur la culpabilité par association. Et son exemple sert plutôt à démontrer sa propre ignorance des concepts biorégionaux. Les rivières sont vraiment des frontières commodes pour une pensée étatique, mais elles ne sont jamais des bordures ou des limites régionales. Lexemple le plus fréquent dune région naturelle est la ligne de partage des eaux, grâce à laquelle une rivière ou un fleuve aident à façonner la région naturelle environnante, laquelle est dailleurs loin d'être clairement définie et toujours changeante. Rien ne montre autant lartificialité des frontière politiques que leur propension à transformer les fleuves en frontières alors que dun point de vue biorégional, que nous considérions la géologie, l'écologie, ou linteraction ente la culture humaine et le monde naturel, elles sont lantithèse dune frontière.
Pelletier montre aussi le caractère bâclé de sa pensée dans ses commentaires sur la relation de Reclus au bouddhisme. Cela dépasse la compréhension de notre critique dogmatique quil puisse y avoir quelque subtilité dans la relation de Reclus à quoi que ce soit. Comme tous les sectaires politiques et les fondamentalistes religieux, Pelletier voit chaque question comme une question de " ou bien/ou bien ". Si je vois des affinités entre la " critique de la propriété et de la domination " de Reclus, " sa croyance en lamour universel " et les idées bouddhistes de renoncement (en fait " de non-attachement ") et " de compassion ", Pelletier pense que ceci revient à lassertion que Reclus était un crypto-bouddhiste. Pour lesprit simpliste, non dialectique de Pelletier, toute chose doit être une chose ou lautre. En fait, pour lui, toute réalité, y compris les systèmes didées, doit avoir des frontières similaires au Rhin ou aux Vosges. Ce type de mentalité serait très utile dans certains types dinvestigations policières.
Mais Pelletier lui-même réfute commodément sa propre pensée. Dabord, il argumente faussement que puisque les sociétés bouddhistes existantes nont pas aboli la propriété privée et la domination. Mais comme Hegel la montré jadis, la critique la plus dévastatrice dun point de vue consiste à montrer quil est en contradiction avec ses propres présupposés. Et au cours de son raisonnement incohérent, Pelletier cite en fait une utilisation de Reclus de ce type dargumentation : " Voyez ce que les bouddhistes ont fait de Bouddha. " Si lon est curieux de savoir ce que Reclus pensait quils ont fait, on peut examiner la discussion véritable quil entreprend au sujet du bouddhisme dans L'Homme et la Terre. On découvre que Reclus discute du fait que les dimensions radicales du bouddhisme dans leurs poursuite du pouvoir et de la domination. Reclus, contrairement à Pelletier, est pleinement conscient des différences frappantes entre lenseignement bouddhiste des premiers temps et le bouddhisme officiel au service du pouvoir.
Finalement, il me faut mentionner ce qui est en soi un point apparemment mineur, mais qui révèle énormément la différence entre linterprétation de Reclus que fait Pelletier et la mienne. Il affirme quil y a le risque de considérer, comme le fait John Clark, les premiers textes de Reclus - comme le " Voyage à la Sierra Nevada de Sainte Marthe " de 1858 ou le " Fragment dun voyage à la Nouvelle-Orléans " de 1860 - comme des écrits fondamentalement anarchistes. Étant donné que je ne traite absolument pas du contenue du premier ouvrage dans mon livre, on peut se demander comment Pelletier peut savoir quelque chose sur ce que jen pense. Je discute, cependant, du second texte, et nulle part je ne le caractérise comme " un écrit fondamentalement anarchiste ".
Le livre dont Pelletier a fait un " compte rendu " si inepte est une traduction de lessai introductif dune collection d'écrits de Reclus que ma compagne Camille Martin et moi-même et moi-même avons traduits en anglais. Nous commençâmes à nous intéresser vivement à Reclus quand nous découvrîmes le compte rendu de son voyage en Louisiane, notre terre (vaguement définie) et celle de nos ancêtres créoles et cajuns. Si nous étions tous deux intéressés par lanarchisme de Reclus, ce qui nous impressionna le plus dans ses premières uvres était sa relation émouvante de la brutalité de lesclavage, sa haine du racisme (une des préoccupations qui laccompagnèrent toute sa vie), et sa description perspicace des effets corrosifs sur la culture locale du développement du système capitaliste et de son esprit commercial tyrannique.
Comme nous continuions à étudier Reclus soigneusement, nous découvrîmes un être humain complexe qui combinait une générosité de lesprit, une humilité touchante et une impressionnante gamme de savoir et de réalisations. Quoique tous les écrits de Reclus ne sont pas, du point de vue sectaire de Pelletier " fondamentalement anarchistes ", leur signification repose sur le fait quils constituent une part de travail dune vie qui contribue de tant de manières à enrichir la tradition libertaire, la tradition communautaire, la tradition de compassion pour l'humanité et les autres êtres vivants et, ce nest pas le moindre aspect, à la tradition écologique. La signification de la vision de Reclus ne peut guère être appréciée par un dogmatiste étroit tel que Pelletier.
Pelletier conclut sa " revue " avec un brillant trait desprit, remerciant " les ACL de nous avoir une fois de plus indiqué l'état de décomposition avancée de certaines positions américaines. " Peut-être parce que je suis un penseur écologique, je suis vraiment très à laise avec le processus de décomposition. En fait je le recommande fortement à M. Pelletier comme cure pour son dogmatisme ossifié. Il ny a dans le monde quune alternative : la décomposition et la pétrification. Et seulement lune mène à la régénération. Le plaisir de la décomposition est en même temps un plaisir créateur.