Dans lun de ses textes, qui toujours prirent le sens des valeurs, officielles ou non, à rebrousse-poil, Georges Brassens chantait l'histoire de poivrot jeté ivre mort sur le pavé par un bistrotier ayant préalablement encaissé la monnaie.
Tour à tour un va-nu-pieds, un étudiant, la femme dun ouvrier et une " petite vertu " le dépouilleront de ses vêtements et de ses souliers, le laissant nu sur le trottoir où seul un flic pépère le protégera du froid en le couvrant de sa pèlerine.
Nous vivions, concluait le poète, des temps bien singuliers
En 1981, profitant du changement politique que lon sait, les radios libres, réelles ou supposées, se multipliaient. Elles ne le purent que grâce au combat de quelques rares pionniers qui, des années auparavant, bravant tous les dangers, avaient choisi la liberté d'émettre sans lautorisation des maîtres. Les fondateurs dIci et Maintenant étaient de ceux-là.
Lan dernier, pour quelques sales dérapages non contrôlés, cette station fut jetée comme on sait des ondes aujourd'hui surveillées.
Tour à tour, ceux quun minimum de solidarité aurait dû amener à épauler cette radio en danger sen sont honteusement détournés, la laissant à poil et sans voix. On la croyait coulée, et voilà que le Conseil d'État vient de la sauver.
Une parole libre, bientôt, pourra de nouveau sexprimer, qui ne devra rien aux fanfarons de la liberté dexpression.
Nous vivons des temps bien singuliers