" A Versailles ! A Versailles ! ". Peut-être les quelques trois cents manifestants qui investirent lancienne cour pensaient-ils à ce peuple qui, poussé par la faim et l'habileté dune bourgeoisie avide de pouvoir, étaient allé cherché le roi et sa famille en ces mêmes lieux, le 6 octobre 1789.
Les siècles passent mais la misère, elle, se ressemble toujours. Et il se trouve toujours de petits malins pour lutiliser à fin de pouvoir. Lidée de créer un " observatoire des richesses ", si elle semble a priori sympathique nen porte pas moins en elle une autre idée, moins sympathique, celle-là : pour observer les richesses, encore faut-il les entretenir. Et qui observera les observateurs ? Et les observateurs des observateurs ? et les observateurs des observateurs des Et puis, la richesse, elle commence où ? La misère, cest clair, cest facile, ça se laisse gérer, ça se remarque. Mais la richesse ? À quoi la reconnaît-on ? Sil ne sagissait que de signes extérieurs, il y a beau que le fisc en aurait fait ses choux gras. Depuis lavènement du jean, la distinction entre riches et pas trop pauvres est délicate à établir. Sans parler de lenfoncement de la ligne de démarcation réalisée par les établissements de crédits. Car, n'écoutons donc pas toujours les conneries des anciens, on ne prête pas quaux riches. Au contraire, pourquoi se passer dun tel instrument de contrôle ? Quel que soit lobjet de son observation, un observateur est un flic. En fonction des raisons qui laniment, il finira à la Gestapo, au Guépéou ou, sil a de la chance, esclave dans une préfecture avec un contrat de survie à deux mille balles par mois. Et puis notre but nest pas dappauvrir les riches mais denrichir les pauvres à moins quil existe des individus qui ne veulent pas de la richesse Pour finir, ça sent la diversion : pendant quon prends des coups de bidule à Versailles, on ne fait pas chier les touristes dans la Capitale. Tout nest pas perdu pour tout le monde. Compagnons, les rois ne sont plus à Versailles, cest partout, à commencer par lendroit où nous (sur)vivons, quil faut nous battre.