Un billet d'humeur signé lAtèle paru dans le Monde libertaire du 20 juin 1996 nous vaut les poursuites du ministère de lIntérieur. Des policiers y étaient qualifiés de " parents douteux " Nous allons vous livrer jusquau jour du procès, des informations, des faits concernant les nombreuses bavures pour lesquelles il nest pas question d'émettre de doute
Rappelez-vous notre chronique publiée dans le Monde libertaire de la semaine passée. Il y était question de flics éméchés
En ce mois de décembre 1994, le 20 très exactement, nous sommes à Manosque. Un CRS tue un jeune ouvrier algérien dune balle en pleine tête. La famille ne sera prévenue quavec douze heures de retard.
Selon les militants locaux de SOS-Racisme, le jeune homme sortait dun bar, légèrement éméché, et il a pris la fuite lorsquune patrouille de CRS a voulu contrôler son identité.
Daprès les premières constations du médecin légiste, rapportées dans Libération et Le Monde des 22 et 24 décembre 1994, " [ ] le coup aurait été porté à bout touchant " Un témoin affirmait même quil ny avait eu " aucune somation ni coup de sifflet, mais seulement cette exclamation après le coup de feu : " Merde, on la touché ! ""
Le 23 décembre 1994, le secrétaire national du syndicat des CRS (affilié au SIPN) déclarait tranquillement : " Ce dramatique incident met en lumière une grave dérive dans lemploi de nos compagnies "
Tiens Tiens ! Quand les flics sont éméchés, ils font parler la poudre. Quand un jeune " beur " est éméché, cest encore les flics qui tirent !
Après tout, ça paraît logique puisquils se baladent avec des flingues et quils peuvent baver dans une relative impunité
Quant à ce triste exploit dune fin décembre 1994, le Père Noël en tunique bleue de Manosque le réalisa grâce à la cheminée de son flingue
Peu de temps après, en janvier 1995, Charles Pasqua menait campagne pour Édouard Balladur. Il prit la parole de 24 janvier à Paris, devant un parterre denviron 1500 commissaires
La consigne (de vote) allait tomber sans équivoques, pareille à la baffe du " keuf " qui tombe sur la gueule du quidam, cest ce que rapporta Libération du 25 janvier 1995 : " Il faut durcir la cuirasse pour économiser le glaive ".
Qu'à cela ne tienne, il ne manque pas de " gardiens de la paix " prêts à nous faire " la guerre ". Et " le glaive " ils savent économiser. Il suffit pour eux de viser à la tête. Une seule balle suffit alors pour stopper net l'élan dune vie. Ils ne contrôlent alors quun mort mais une balle ça va pas chercher bien cher Y a pas de petite économie ! Ou bien les coups remplacent le flingue. L'huile de coude cest gratis.
Un exemple emprunté à Libération du 8 février 1995 nous éclaire sur les économies prônées par Tartarin Pasqua. Le 7 février 1995, à la station de métro Trocadéro, un usager tente de sinterposer car, selon lui, les policiers dépassent les limites du raisonnable. Ce qui lui vaut un passage à tabac Pensez, il se mêle de ce qui ne le regarde pas Et il est martiniquais, phénomène certainement aggravant pour les " keufs " du cru.
Le lendemain il racontera : " Ils se sont jetés sur moi, mont menotté dans le dos, serré la nuque et la mâchoire, en me tapant la tête contre les murs et la porte vitrée ". Traîné hors du métro et contrôlé dans le fourgon, l'homme sera relâché car " il ny a pas de problème ". Sauf pour ce dangereux contestataire qui pense indispensable de relever le numéro minéralogique du véhicule. Les CRS interviennent à nouveau et lui filent une " branlée " pour une telle impertinence. A même le sol cette fois, avec des propos du genre : " Vivement les élections, on pourra enculer des gens comme toi ". Au commissariat du 16e la plainte ne fut pas enregistrée Pas plus dans les postes alentour Linspection générale de la police ouvrit une enquête.
Droits de l'Homme éructa jadis Pasqua Les flics pensèrent alors : les Martiniquais sont-ils des hommes ? Dure controverse comme jadis à Valladolid Et pendant tout ce temps, ils bavent Ils bavent les fonctionnaires au dessus de tout soupçon.
Allez, à la semaine prochaine, ça bavera encore