Mise en demeure de bien vouloir exercer ses droits démocratiques, la population française a donc voté comme elle a pu, sans enthousiasme, et dans le désordre. Aucun parti na réellement recueilli un frac succès et les gueules soucieuses des leaders politique traduisent parfaitement leur malaise face à cette perte de crédibilité générale de la démocratie dite représentative qui, à chaque scrutin, se défait un peu plus.
Le nombre toujours croissant dabstentionniste marque parfaitement cette défaillance. Mais parions que les futurs élus oublierons bien vite cette réalité lorsquils iront sasseoir sur les bancs de lAssemblée nationale. Ils auront limpression davoir le pouvoir e, toute légitimité et agiront en conséquence, même sils ne représentent quune minorité d'électeurs. Ce qui ne manquera pas de leur procurer quelques déconvenues dans les mois et années à venir.
Sils contestent, le bien fondé de ces grands rendez-vous électoraux, les anarchistes sont bien obligés de faire avec les rapports de force qui se recomposent à ces moments puisque ça marche encore comme ça et que cela simpose à tous. Doù la tentative qui suit de faire le point sur l'état des forces électorales actuelles.
Il est clair que la droite aura été malmenée et quelle se trouve en situation périlleuse avant le deuxième tour. Chirac, Juppé et les autres sont sûrement agacés par la chose mais ils lont voulu et sattendaient certainement à quelques coups de bâton. Il sont néanmoins quelques cartes dans leurs manches et espèrent quaprès un premier tour défouloir les forces de droite sauront se rassembler pour sauver lessentiel, à savoir le pouvoir.
La fragilité de leur position peut faciliter une mobilisation de certains abstentionnistes et inciter une partie de ceux qui ont voter FN à estimer quil faut coûte que coûte empêcher les communistes davoir des ministres. Mais cela peut faire sourire chez nous, cela marche encore bien dans les milieux réactionnaires comme ceux de De Villiers, qui ont la prétention d'être à eux seuls " la France ".
Le FN fait le score annoncé par les derniers sondages connus, sans plus. Ce nest pas une surprise que de le voir se maintenir au second tour là où il le peut car il structure des couches sociales qui voient leurs positions et situations économiques se détériorer irrémédiablement. Leur rejet des évolutions actuelles de la société est total et radical.
Il ny a pas à être étonné ni scandalisé par lexistence de ce courant fascisant. Cest une sorte de contre révolution préventive, produite et issue du capitalisme pour tenter de prendre de vitesse l'émergence dun mouvement social rejetant toute forme de domination et proposant des perspectives libertaires.
La multiplication de conflits radicaux et de faits sociétaires à caractère antiautoritaire le révèle et imprègne toute la société sans quune alternative ait encore pu se doter dune expression politique propre. Pour le moment, le FN profite du désarroi ambiant et du rejet des organisations politiques institutionnelles. Son verbiage outrancier et prétendument radical trouve aussi un écho auprès de couches populaires excédées par les pressions économiques quelles subissent. Le FN ne pourra être combattu efficacement que par laffirmation de pratiques sociales à caractère émancipatrice et révolutionnaire, et non pas par les discours démagogiques et moralisateurs que ne vont pas manqué de tenir la droite comme la gauche pour essayer de faire voter utile au second tour.
Les socialistes et leurs vassaux directs voient leur part de marché augmenter sans pour autant quune vague rose napparaisse à l'horizon. Sils profitent quelque peu de leur situation dopposants, il est évident que la confiance en leurs capacité à changer les choses est loin d'être acquise pour l'électorat.
Le PS va devoir ramer pour rassembler les forces de gauche et apparaître comme un fédérateur crédible à exercer le pouvoir. Quel va être le programme minimum permettant de dégager une majorité potentielle à lAssemblée ?
Le PC maintenant cahin caha ses positions a-t-il les moyens de sengager totalement dans une union avec le PS où les risques de se discréditer dans lexercice du gouvernement seront rapides et pourraient provoquer une chute irrémédiable de son emprise sociale déjà très fragile. Lapport des différentes petites formations de gauche dissidente (MDC, GAE, etc) comme celle des écolos et de lextrême gauche sera indispensable sans que pour autant aucune ne soit en capacité de peser réellement sur le contenu de lalliance. Les Verts nauront joué que comme faire-valoir du PS et nauront aucunement profité du marchepied quils pensaient employer pour exister. Ils ont sont pieds et poings liés aux intérêts des socialistes. Personne nen est dupe.
Une fois de plus les gesticulations et velléités à jouer dans la cour des grands de LO ou de la LCR auront montré leur stérilité et leurs résultats électoraux marquent limpasse dans laquelle ils se sont eux-mêmes enfermés.
Sil y a des perspectives révolutionnaires réelles aujourd'hui, ce nest pas en essayant de jouer sur les franges de l'électorat de gauche quelles peuvent se cristalliser. Il sagit de sappuyer sur la radicalité sociale qui se dégage des luttes et cela nécessite de se positionner clairement en dehors du jeu politique électoral. Labstention révolutionnaire na jamais autant été une nécessité.
Est-ce un hasard si à droite comme à gauche on reconnaît que le sens premier de ce scrutin réside dans le fait que " les Français veulent un grand changement ". Les anarchistes pensent que cest dun grand chambardement dont nous avons besoin et que cela est exprimé de plus en plus clairement chaque jour !
Il est probable que la majorité de gauche ou de droite qui se dégagera du second tour sera faible et fragile. En clair cela veut dire que pendant cinq années nous aurons à affaire avec un président sorti affaibli de cette élection. Nous subirons aussi un ou des gouvernements qui devront louvoyer entre les différents groupes de pression électoraux et économiques, ce qui ne va pas manqué d'être difficile.
Cette situation va obliger le pouvoir à vouloir de plus en plus imposer de fait et par la force ses choix politiques et provoquer une hausse des tensions sociales. A la multiplication des mouvements de grève le pouvoir opposera la force, la violence, la répression policière. Les anarchistes auront a articuler leurs propositions autogestionnaires et révolutionnaires avec les révoltes qui sexpriment actuellement et qui vont se développer. Dans les mouvements sociaux et avec notre propre lecture des événements, nous sommes en capacité d'être en phase avec les revendications et aspirations à plus de justice sociale qui sourdent de tous les côtés.