Ce 28 mai était jugé à Orléans Alexis, objecteur-déserteur et membre du groupe libertaire de Tours. 40 à 50 personnes étaient venus le soutenir dont les membres de ROOC (Rassemblement orléanais des objecteurs de conscience) et dA.L. Orléans. Une grande partie dentre nous assistèrent au procès qui fut précédé dun jugement sur un délit commun. A celui-ci, un jeune, récemment majeur fut condamner à deux mois fermes pour le racket de deux blousons. Notant que ce jeune, abandonné par ses parents, passa son adolescence dans des foyers et, pour arranger le tout, est en situation bâtarde pour ne pas dire " irrégulière " (ah oui ! il est de nationalité algérienne), on appréciera le tact psychologique du tribunal et le séjour de " dissuasion " offert à ce jeune bientôt papa.
Mais revenons à notre Alexis. " Jai déserté pour protester contre la " double durée " de lobjection et contre le non-statut de salarié au sein de lassociation où j'étais. " Face à cela, le procureur réclama lajournement et un renvoi de laccusé devant les affaires militaires qui décideront de son exemption - ou non, et en fonction de cette régularisation, Alexis sera jugé - ou non, pour désertion, car malgré labolition prochaine du service national, " la loi est toujours valable sur notre territoire, une sanction serait une question de principe. " " Double peine " rétorqua lavocat dAlexis. Dans une plaidoirie remarquable, il expliqua quAlexis navait pas " triché " aux trois jours, quil a accepté le service civil et par symbole (et par " une prise de conscience tardive "), [Alexis] a décidé de partir ; que la condamnation de ce type de service était celle de la majorité dentre-nous puisquil est aboli ; que cette " double peine " est contraire à la résolution du Parlement européen de 1983. Il en appelle à la relaxe, citant en exemple ces femmes de Bobigny qui, ayant avorté illégalement, furent relaxées car jugées après ladoption de la loi autorisant lI.V.G. Il argua également que l'État, depuis le 15 janvier ne prend en charge que le quart des indemnités des objecteurs (les trois quarts restant étant aux frais de lassociation, ce qui pose de nombreux problèmes de places pour les nouveaux objecteurs) et " quil serait malvenu de reprocher à Alexis davoir fait trois semaines d'économie budgétaire " à un État qui nest plus capable de payer.
Après un portrait de lAlexis militant-citoyen (sans-logis, sans-papiers ), il conclu quune régularisation serait impossible puisque personne ne voudrait prendre un objecteur pour trois semaines. Mais les juges n'étaient pas du même avis et donnèrent raison au procureur, repoussant le procès au 24 septembre après une régularisation. Verdict bâtard, comme lexplique Etienne du ROOC : " La justice sen tire bien car elle ne le relaxe pas et elle ne le condamne pas. Cest une victoire pour nous et pour Alexis puisque la justice admet implicitement la validité de son acte. " Je ne suis pas daccord, elle nadmet que la demande du procureur qui peut effectivement laisser penser à un arrangement préalable, comme le déclare Alexis : " Le procès était décidé par avance. Jai fait le choix regrettable de laisser mes opinions politiques de côté et je risque maintenant une peine. Jirai donc voir les autorités militaires pour me faire exempter sils refusent, je recomparaîtrai donc le 24 septembre pour désertion. " Laisser Alexis aux mains des affaires militaires (quelle joie pour un antimilitariste, lexemption nest pas à portée de main) et ça le met dans une situation bâtarde (décidément !). Demandeur demploi, il ne touche rien des ASSEDIC et ne risque pas d'être embauché de sitôt vu sa non-régularisation. De plus les 2 600 signatures de soutien données par lavocat risquent davoir moins dimpact dans quelques mois et le procureur sera affiné au combat.
A l'heure où 30 % des appelés sont exemptés et à la veille du " Rendez-vous citoyen " est soulevé le problème de lavenir de lobjection et, plus loin, du refus de tout type de Rendez-vous civique et de service, gratuit ou exploité, rendu à l'État. Décidément, la société sabâtardit sur de nombreux points, cette " dégénérescence " libérale, nous devons en dénoncer les dangers pour avancer notre alternative et nous " bâtardiser " du mariage que dautres veulent nous imposer : État et Armée.
No ! - groupe libertaire de Blois.