Un billet d'humeur signé lAtèle paru dans le Monde libertaire du 20 juin 1996 nous vaut les poursuites instantes du ministre de lIntérieur. Des fonctionnaires de la police nationale y étaient qualifiés entre autres de " parents douteux " Nous voilà rendus au procès, aussi allez vous prendre connaissance de cette ultime livraison des bas-fonds, doù le fouineur tirait la matière de la chronique.
Libération du 24 février 1993 rapporte quen appel, le tribunal de Paris, lors de sa séance de la veille, a relaxé un commissaire de police " condamné en septembre 1992 à 3 000 F damende pour s'être exhibé devant trois jeunes femmes " dans son commissariat.
Le Monde du 6 août 1993 nous compte les mésaventures de deux inspecteurs de la P.A.F. mis en examen à Menton le 24 juillet 1993 pour " attentat à la pudeur sous contrainte par personne ayant autorité "
La République du Centre-Ouest du 5 décembre 1993 dévoile une affaire dans laquelle un policier de cinquante ans est mis en examen (le 30 novembre 1992) pour " attentat à la pudeur sur la personne de sa fille de quinze ans. Les faits duraient depuis plusieurs années, mais ils ne furent pas qualifiés de viol "
Libération du 1er octobre 1994 nous informe sur la mise en examen et lincarcération pour viol dune jeune Marocaine (le 30 septembre à Amiens) de trois gardiens de la paix. Selon un communiqué du procureur de la République, les faits se seraient déroulés dans la nuit du 19 au 20 septembre 1994, dans un fourgon de police
Le Parisien du 1er février 1995 rapporte quun gendarme de trente-cinq ans a été condamné, le 31 janvier à Rillieux-la-Pape, à trois ans de prison dont deux avec sursis, pour " agression sexuelle sur une jeune femme placée en garde à vue "
Libération, le 16 mars 1995, nous informe que la veille, à Bobigny, un policier témoin passif dun viol au commissariat de Sevran (en 1991) a été condamné à quatre ans de prison ferme. Le violeur lui était mort du sida un an plus tôt
Le Monde, le 11 mai 1995, rapporte que, le 26 avril à Nancy, un gardien de la paix de vingt-neuf ans a été condamné à dix-huit mois de prison dont douze avec sursis pour avoir violé un travesti algérien au dépôt des étrangers de la préfecture de police
Libération, le 23 octobre 1995, informe sur la condamnation, le
20 octobre à Marseille, dun ancien membre du G.I.G.N., à quatorze années de réclusion criminelle pour participation à un viol collectif avec deux de ses collègues
Libération, le 24 novembre 1995 parle de la condamnation la veille à Paris de deux policiers aux mains baladeuses. Ils avaient fait se déshabiller une jeune norvégienne, avant de lui infliger une fouille au corps, dans un " local technique " de la RATP à la station Saint-Michel. Pour lun quinze mois de prison dont onze avec sursis et pour lautre six mois avec sursis
Libération du 6 mars 1997 nous raconte qu'à Aubervilliers une employée communale à qui il est reproché de navoir pas contrôlé la régularité de la situation dun immigré tunisien sest trouvée " en garde à vue, dans une cellule minuscule avec tout ce quon voit dans les films : cadenas, caméra de surveillance, projecteur et surtout fouille au corps "
La liste pourrait être encore plus longue tant les turpitudes sont courantes (comme la main) dans les commissariats de l'Hexagone.
Le pouvoir que confèrent, la fonction policière et luniforme ne sarrête pas aux bavures des " ripoux ". L'humiliation d'êtres humains (des femmes) donne une idée précise de lunivers machiste que le commissariat restitue en condensé. Aussi, au bout de ces vingt semaines de chronique des bas-fonds, nous sommes en droit d'écrire que la police renferme un nombre important de racistes, dindélicats, de pourris, de violents, dassassins en puissance, de violeurs, en résumé de personnages peu reluisants et " douteux ".
Le Monde libertaire poursuivi pour un billet d'humeur ne mérite pas d'être poursuivi, encore moins d'être condamné. La cohorte de " ripoux " et de " douteux " disqualifie à lavance toute tentative ministérielle de présenter la police comme un corps de citoyens au-dessus de tout soupçon.
Un jour peut-être, nous reprendrons la rubrique des bas-fonds. Si les lecteurs le désirent, il le feront savoir. Allez tchao !