Depuis le 22 mai dernier, latelier de fabrication de PVC de lusine dElf-Atochem de Fos-sur-mer est en arrêt de travail.
Les quarante-trois travailleurs postés du site, cest-à-dire ceux qui assurent, par des rotations de trois fois huit heures, la permanence de la fabrication, se sont déclarés en grève reconductible. Cette semaine, le conflit va se durcir.
Le jeudi 22 mai, au cours dune réunion avec le chef de service, le personnel de latelier de fabrication de PVC et les syndicats CGT, CNT, CFDT dElf-Atochem de Fos-sur-mer ont présenté les revendications du site : trois embauches, dont celle dun travailleur posté et de deux horaires " journaliers " ; une augmentation générale de mille francs pour tous, le refus de lindividualisation des salaires, le refus dun salaire dembauche minoré ; la revalorisation des coefficients pour lensemble des personnels de latelier, y compris les agents de maîtrise. La direction a rejeté en bloc le cahier revendicatif. A 17 heures, le même jour, le personnel posté se déclare en grève à la quasi-unanimité.
Un profond mécontentement se perçoit depuis quelques temps déjà chez Atochem : la direction cherche à y infléchir les relations sociales et salariales vers toujours plus de libéralisme. Les salaires se sont érodés ; lindividualisation des augmentations, avec son cortège darbitraire, sest développée, certains salaires sont bloqués pour cause desprit revendicatif ; les nouveaux opérateurs se retrouvent avec un manque à gagner de plusieurs centaines de francs - jusqu'à 2 000 F parfois ; enfin, le sous-effectif dure depuis plusieurs années Et chacun sait dans lusine que la productivité, elle, ne diminue pas. En 1996, latelier du PVC a établi un record de production !
Le 26, réuni en assemblée générale, le personnel posté de latelier décide de poursuivre le mouvement jusqu'à la satisfaction des revendications.
Le 29, la direction reçoit une délégation représentative des grévistes. Mais son objectif n'était que de justifier un refus total sur lensemble des revendications. Lassemblée décide de poursuivre la grève.
Latelier du chlore, dont la production ne peut plus être utilisée, est déclaré en chômage technique. Dans lusine, malgré quelques interventions de la CGC, les travailleurs comprennent et soutiennent le conflit.
Le 3 juin, les grévistes commencent à populariser leur action ; des tracts sont distribués. Peu à peu, larrêt de la production de latelier du PVC dAtochem touche dautres sites, notamment Shell-Berre, où les travailleurs se sont déclarés solidaires du mouvement. des reportages ont été effectués par des équipes de FR3. Quelques articles sont parus dans la presse régionale.
Maintenant, les grévistes se réunissent chaque jour en assemblée générale avec les syndicats CGT, CNT et CFDT. La direction a déclaré à plusieurs reprises quelle refusait de sasseoir à la même table que la CNT - dont une section vient d'être crée, en particulier par des militants qui ont quitté la CFDT - parce quelle la considère comme non représentative. Dans lusine, on a dailleurs pas manqué de remarquer, à la réception dune souscription de 4 000 F envoyée par la région parisienne de la CNT, que la solidarité financière, indispensable lorsquun conflit commence à prendre de la hauteur, provient dabord dune organisation syndicale considérée comme non représentative
Lorsque nous mettons sous presse, la situation demeure bloquée, et la direction reste muette. Elle entend discuter, et non pas négocier, seulement lorsque le travail aura repris.
Malgré les pertes importantes quil subit, plus de deux millions de francs par jour, le groupe craint sans doute que sa politique dindividualisation et de réduction des salaires soit stoppée ou, à tout le moins, gênée. Avec le risque dune extension des revendications aux autres sites chimiques en cas de victoire des salariés.
Les grévistes maintenant ont bloqué lusine, fermé les portes avec des chaînes, organisé loccupation. La direction ripostera sans doute par une demande d'évacuation.
Le soutien simpose, par des prises de position et, surtout, la solidarité financière.
Syndicat chimie CNT de Fos-sur-mer, B.P. 133, 13773 Fos-sur-mer cedex.
ccp 12 493 31 H Marseille.
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