Descente de police à Radio libertaire

L'État persiste et récidive

A 14 h 30, le mercredi 10 septembre, une juge d’instruction, une greffière et le procureur du parquet de Versailles se sont présentés à la librairie du Monde libertaire, accompagnés d’une quinzaine de policiers. Quelques autres, à l’extérieur, attendaient dans des voitures banalisées.

Que cherchaient-ils ?

Ils cherchaient la lettre d’un détenu lue à l’antenne de Radio libertaire lors d’une émission de Ras-les-murs début 97.

Que disait cette lettre ?

Elle dénonçait la surexploitation dont sont victimes les détenus dans les ateliers des prisons, le non respect absolu du droit du travail (salaires, hygiène, cadences, comptes payés, représentation des salariés, etc.).

Bien sûr, personne ne se préoccupe maintenant des informations transmises par ce courrier : conditions de travail dans les ateliers, prix du nettoyage des bleus de travail (300 F par mois), etc.

Le nom d’un surveillant, particulièrement complice de cette surexploitation, a été prononcé lors de la lecture de cette lettre.

Pourquoi porte-t-il plainte ? Pour la dénonciation de la surexploitation ? Ou pour d’autres faits ?

Cette justice qui est habituellement si longue à se bouger pour des affaires d’importance, cette justice qui laisse moisir en prison des détenus en préventive pendant quatre, six mois, un an et quelquefois plus " diligente " ses sbires pour une plainte en " diffamation " déposée en janvier 1997, par un surveillant de la maison d’arrêt de Bois d’Arcy. Huit mois après ! Qui se plaint de la lenteur de la justice ?

Pendant ce temps, près de 40 % de prévenus crèvent en prison. Pour beaucoup, par le suicide, pendant les premiers jours de détention. Il y a eu 138 suicides en 1996, dans les prisons françaises.

Et, parce qu’un surveillant se sent " diffamé ", suite à la lecture d’un courrier d’un détenu, la justice débarque à la librairie du Monde libertaire pour rechercher " la lettre ", perquisitionne de fond en comble le local de réunion et la cave attenante, alors que nous leur expliquons qu’ils ne trouveront rien.

Mais la Justice doit agir. Elle est venue pour perquisitionner. Donc, elle perquisitionne. Ils ont la cassette de l'émission, mais cela ne constitue pas une preuve sur le plan juridique. Il leur faut " la lettre ". A la place, ils ont découvert les renseignements concernant les responsables de Radio libertaire, de la Fédération anarchiste et des animateurs de l'émission Ras-les-murs.

Mais cela ne leur suffisait pas. A bord de cinq voitures, le commando est allé perquisitionner le studio de Radio libertaire. Chou blanc ! Mais la Justice avait fait son boulot. Toute cette mascarade a duré de 14 h 30 à 18 h 30.

L’affaire va, bien sûr, suivre son cours. Radio libertaire et Ras-les-murs risquent de se retrouver mis en examen.

Certains détenus au courant de cette affaire depuis plusieurs mois sont prêts à témoigner de la véracité de ce qui avait été dénoncé dans cette lettre, malgré les risques encourus pour eux. Cela pourrait donner un autre tour à l’affaire. Et si c'était vrai ?

Après deux procès contre le Monde libertaire, l'État continue a exercer sa fonction répressive : cette affaire qui a débuté sous le gouvernement Juppé continue avec Jospin. Cela vise à faire taire les médias qui dénoncent toutes les formes d’exploitation et s’activent en vue de la révolution sociale.

Fédération anarchiste