Adrénaline, stupre et cyberfun au petit-déj, voici ce qui attend qui décidera de lire les aventures d'@lias au lever du jour.
Les auteurs de polars nous avaient au fil des ans habitués à une morne description du quotidien des campagnes, des villes ou de leurs banlieues où les victimes comme les coupables étaient en droit de se revendiquer du destin (ou de sa sister amorphe et légitimante, la détermination de classe, à la sauce Bourdieu ou à la mode " Beurre-uf-Fromages "), les définissant si scrupuleusement dans leur banalité que nous avions oublié que lexcès pouvait être de la partie. Et pourtant
Pourtant il sest trouvé une équipe d'écrivains pour nous faire retomber sur une terre où les méchants le sont vraiment et les bons pas tant que cela dailleurs quels bons ? Même les comparses du Dobermann (1) sen trouvent affadis.
Rien ne nous est épargné. Terrorisme, violence, grossièreté, sadisme à faire passer la dame de Misitival (2) pour une privilégiée de la littérature, sexisme primaire, bilatéral et jubilatoire.
Cen est si démesuré que lon nose pas croire ce que lon lit. Ce qui en temps normal nous rendrait malade y est si démesuré quon trouve presque sympathique les dépravés de service.
Bien sûr, tout ça regorge de clins dyeux aux " grands ancêtres " (Bravo, Serge, pour ta soupe au poulpe) et dallusions aux affreux du réel mais, bon ! ça laisse rêveur et cest une autre histoire.
En deux mots et le souffle coupé, il sagit dun cybercriminel, frappadingue, hypocondriaque et aux personnalités multiples, qui a décidé que le monde était si pourri que la seule solution était de le foutre définitivement en lair à grand renfort de drogues, darnaques et dogives nucléaires.
En face de ce sympathique personnage, une foule de tristes machins que nous noserons pas qualifier d'humains se démène dans une chasse à l'homme pitoyable et post-coïtale
Quoi quune certaine vieille ne sy décide pas à déposer les armes. Nous bénéficions même dun irrésistible et scatologique entartage dintellectuel dans le vent. Cest vous dire où cela volette.
Si cette entrée en matière ne vous a pas dissuadé daller au devant du truand hilarant nommé @lias, peut-être retrouverez-vous dans la lecture des deux premiers romans de la série le goût de ces BD pour adultes des années soixante (Madame Atropos, Diabolik, etc.) avec une certaine émotion et le puritanisme de l'époque en moins.
Même si on ne peut prétendre quils renouvellent le style, Serge Quadrupani (victime dune chasse aux sorcières médiatique qui nest pas sans évoquer les plus pitoyables et ignobles heures du MacCarthysme) et Max Morora (dont jignorais jusqu'à ce matin lexistence mais qui se fera sans doute un plaisir de me la révéler dun mail vengeur) nous proposent ici une bouffée de primarité marrante à laquelle il serait, à mon avis, dommage d'échapper.
Ceci dit, et sans vouloir passer pour un vieux con moralisateur, cest le genre de bouquin que je ne laisserai pas entre les mains de ma gamine de onze ans, ni entre celles de ma mère. Ca se déguste comme un film porno, sans en parler ou presque.
(1) Série cul-culte de Joèl Houssin
(2) Les Instituteurs immoraux - Sade