Comme chacun le sait, le mois doctobre est marqué par la rentrée universitaire, dont les inscriptions administratives sont plus ou moins bien gérées selon les facs et leur taille. Cette année, le budget alloué au fonctionnement de luniversité de nanterre a encore été baissé. Conséquence : de nombreux étudiants se sont retrouvés sur le carreau. Les " sans facs " ont rencontré ou rencontrent encore des difficultés réelles à sinscrire pour des raisons autant diverses et variées que nombreuses et quantifiables.
Certains, dorigine étrangère, sont vaguement soupçonnés de rechercher le statut social d'étudiant afin dobtenir (ou de prolonger) le droit de résider légalement sur le sol français (donc d'être finalement de faux étudiants). Ils ne peuvent donc pas, daprès ladministration universitaire, obtenir de droit dinscription sils nont pas présenté leur carte de résidence. Bref, ces personnes ne possèdent pas le droit à lenseignement supérieur délivré par luniversité de Paris, Besançon, Lyon, Montpellier, Rennes ou ailleurs, parce quelles nont pas de papiers libellés " nationalité française ".
Certains encore sont refoulés de la liste des inscrits car leur bac étranger nest pas reconnu par luniversité.
Dautres sont considérés comme des étudiants non-prioritaires car ils ont obtenu leur baccalauréat, ou équivalent, il y a un, deux, trois ans ou plus or la priorité dinscription va aux personnes ayant eu leur bac en juin 1997. Ainsi, reprendre ses études après une période de chômage ou après une période dactivité professionnelle (comme par exemple les nombreux enseignants inscrits en sciences de l'éducation) est moins facile pour les anciens bacheliers que pour les récents. Y a-t-il donc un âge pour suivre lenseignement de son choix ?
On rencontre également des personnes refoulées dautres établissements qui, faute davoir été accueillies par lI.U.T., le B.T.S., l'école ou luniversité quelconque de leur choix, cherchent alors à sinscrire à Nanterre. Eux aussi connaissent de véritables difficultés à sinscrire, car ils sont considérés comme retardataires. Sans inscription universitaire, sorte de " dernière chance " finalement, il ne leur reste plus qu'à aller apprendre à pointer à lA.N.P.E. Chouette avenir
A ces quatre cas de " sans facs " sajoute un cas de " tas plus le droit à la fac ". En effet, lobtention du D.E.U.G. se fait en théorie en deux années, voire en trois. Or, pour des raisons X ou Y, certains étudiants narrivent pas à lobtenir dans ce laps de temps. Des dérogations sont alors à gentiment demander à ladministration Mais comment est-il possible de se les voir accorder dans une université prévue pour environ dix-sept mille étudiants, mais dans laquelle se croisent pas loin de trente-cinq mille étudiants ?
Ainsi, si des étudiants sont refoulés pour des raisons dordre politique (légitimité des frontières ?), dautres le sont pour des raisons dordre économique.
En effet, dannée en année, le budget accordé à lenseignement supérieur baisse et l'état des universités en dépend (sauf, bien entendu et soit dit en passant, pour les facs dites " Pasqua " en région parisienne et " Méhaignerie ", ou Ker Lann, en Ille-et-Vilaine qui, malgré leur statut privé, nen bénéficient pas moins des deniers publiques provenant des Conseils généraux, régionaux et autres collectivités locales). On peut donc observer dune part la dégradation des bâtiments, et dautre part une carence dans les enseignements apportés. Pour exemple, dune année sur lautre, on peut constater la baisse du volume horaire accordé à un diplôme donné, ce qui se traduit par la pure et simple diminution du nombre de cours ou de T.D., et ce qui endommage donc lapprofondissement des connaissances.
Face aux problèmes dinscription, la réaction - de la C.N.T.-F.A.U. et du syndicat étudiant U.N.E.F. essentiellement - ne sest pas faite attendre. En une occupation, de nombreux cas ont été résolus, même si dautres potentiels étudiants demeurent encore sur la touche. Mais la lutte continue, assurent les camarades de la C.N.T
Et pour la petite histoire, la crise générée par loccupation de la salle informatique pour tenter de résoudre par la pression les cas de " sans facs ", accumulée à la baisse répétitive des moyens budgétaires accordés, a fait démissionner la présidence et l'équipe administrative à lavenant, le mercredi 22 octobre. Plus exactement, le fait que le président ait demandé à deux reprises lintervention des forces de lordre pour mettre fin à loccupation, sans que cela ne lui ai été accordé, lui a laissé lamère impression d'être désavoué Quoi quil en soit, de mémoire d'étudiant, cest un fait rare, voire unique, que de voir une telle démission en bloc ! Le problème est maintenant que les administrateurs " sortants " renvoient les étudiants inquiets de leur sort à ladresse du Rectorat ; et ce en attendant quun suppléant, " médiateur " (ce mot est tellement à la mode), ne débarque pour sans doute affirmer quil ne connaît guère la situation et ne peut donc guère le résoudre.
Ce qui se passe dans les " grosses usines " que sont les facultés reflète la réalité économique, politique et sociale : racisme, austérité budgétaire tous azimuts, etc. Il faut que cette escalade vers labsurde gestion des universités cesse.