Jeudi 30 octobre, 13 heures, quatre à cinq cents salariés dE.T.G. Chausson profitent du changement d'équipe pour pénétrer dans lusine Renault-Flins, investir latelier de production, bloquer les deux chaînes (120 véhicules/heure), et ce pendant quatre heures.
La direction intervient aussitôt accompagnée dun huissier pour constater le blocus. Des heurts éclatent entre la direction et les occupants. Les salariés de Renault-Flins rejoignent immédiatement leurs camarades tandis que lencadrement les rappelle à reprendre leur poste.
Lexaspération est à son comble, cest le contraire qui se produit. Laction des salariés de Gennevilliers devient une action commune, celle de tous les travailleurs présents. Le blocus total commence pendant que les forces de lordre prennent place aux abords du site. Le directeur en personne propose une négociation avec les syndicats pour mettre fin à loccupation.
La réponse est " On a rien à négocier avec un larbin, amenez nous le P.d.g. ! "
Filiale du groupe Renault, E.T.G. Chausson ne compte plus que 1180 salariés qui fabriquent la camionnette Renault Trafic. Sils ont manifesté à Renault, cest parce quils sont confrontés depuis juillet dernier à un nouveau plan de 358 suppressions demploi.
Ils savent que ce plan nest quune étape vers la liquidation totale, Renault nayant dautre projet que de terminer une production et se débarrasser de tous. Cest ce quils vivent déjà depuis des années dans ce qui fut la " société des usines Chausson " où les sites fermaient les uns après les autres grâce aux actionnaires dalors : Renault et Peugeot, ceux-ci allant même pour cela organiser un dépôt de bilan frauduleux fin 1993.
Renault reste seul patron de la seule usine de Gennevilliers, avec la même politique vis-à-vis du personnel, faisant le chantage du salaire et de lemploi depuis plusieurs mois.
La direction voulant faire passer une réduction du temps de travail avec perte de salaire, ils refusent en faisant grève deux semaines de suite et en manifestant en juillet dernier. La colère quils expriment sur un tract C.G.T.-C.F.D.T., cest quil est clair quune réduction du temps de travail doit servir à répartir le travail entre tous mais pas à répartir la misère, et à maintenir et créer des emplois sans remettre en cause les salaires.
Conscients des profits patronaux important depuis toutes ces années, ils pensent quil faut prendre au groupe Renault et pas à eux pour financer toutes ces mesures et arrêter les licenciements.
Cette opération coup de poing semble être le point de départ dune bataille de grande ampleur chez Renault.
Espérons que la colère des ouvriers ouvre la voie à une vraie réflexion de la part de toutes et tous sur une même volonté de changer de système pour une société égalitaire et fraternelle où nous serions libérés des courbes et des pourcentages.
Soyons toutes et tous responsables de ce qui se passe à Renault-Flins et ailleurs.