La publication du livre noir du communisme provoque une ample polémique. Confiné à lorigine dans un petit cénacle d'historiens, ce débat est aujourd'hui porté sur la place publique. Ce qui devait n'être quun conflit académique sest imposé comme un véritable enjeu politique. On ne peut que sen féliciter.
Pendant trop longtemps, les crimes des régimes communistes ont fait lobjet dun véritable aveuglement collectif. Pourtant, des témoignages accablants existent. Pour ce qui nous concerne, les anarchistes ont lucidement dénoncé le totalitarisme communiste dès les premières années du régime bolchevique. Les dirigeants communistes qui tentent dexpliquer aujourd'hui " quon ne pouvait pas savoir " sont des menteurs. Il nest pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Pour ne parler que de la France, le P.C.F. a fait peser pendant des décennies une terrible chape de plomb sur le mouvement social. Maniant terrorisme intellectuel et intimidations physiques, les communistes ont imposé leur mythologie en lieu et place dune analyse objective des faits. Toute critique portant sur les " pays socialistes " était sensée faire le jeu de la réaction. Sen prendre au P.C.F., c'était affaiblir la classe ouvrière. Faisant preuve à la fois dun total mépris pour les exploités et dune coupable stupidité, Sartre expliquait quil ne fallait pas " désespérer Billancourt ". Comparer le stalinisme au fascisme na objectivement rien de choquant. Bien sûr, un tel rapprochement est reçu comme une insulte par les militants communistes. Pourtant, la sincérité et le dévouement de nombre dentre eux nest pas ici en cause. Mais, au-delà du cache-sexe idéologique, la lucidité oblige à reconnaître que les régimes se réclamant de lun et de lautre ont appliqué la terreur de masse pour édifier un État totalitaire au profit dune petite minorité. Du point de vue du mouvement social, on peut même affirmer que le communisme autoritaire a causé des dégâts plus profonds et plus durables. Ennemi de lextérieur, le fascisme a été identifié comme tel et combattu. Ennemi de lintérieur, le stalinisme est parvenu à dévoyer des pans entiers du mouvement social, le détournant dune lutte révolutionnaire émancipatrice pour le mettre au service des intérêts diplomatiques de la bureaucratie soviétique. Aujourd'hui, l'histoire a tranché. Limposture du communisme autoritaire est avérée. Certains en tirent la conclusion que le capitalisme constituerait un horizon indépassable. Pour nous, bien au contraire, lavenir appartient au communisme libertaire.