Les grands froids hivernaux ont fini par gagner l'hexagone. Cette météorologie somme toute attendue, quand il sagit dun mois de décembre européen, va déclencher un réflexe non moins attendu : la compassion envers les plus démunis.
Dun coup, dun seul, l'hypocrisie aidant tout naturellement, un certain nombre de discours relayés par quelques gestes aux conséquences bien timorées, au regard de lampleur et de la profondeur de la misère, vont sattacher à montrer que, face à cette dernière, face à la rudesse des conditions de vie que rencontrent les " S.D.F. " et autres exclus sociaux, " ON " se préoccupe, " ON " sactive, " ON " se mobilise et " ON " agit .
Ce " ON " décline symboliquement l'hypocrisie institutionnalisée. Les organisations " humanitaires " et " bienfaitrices ", toutes ointes ici bas des meilleures intentions, dégoulineront de compassion vis à vis des pauvres, des errants, des sans-le-toit, des sans-le-sou, des sans-l'couvert
Les organisations caritatives, nous explique-t-on, font dans " la solidarité " ! En fait elles thélétonnent à grand renfort de médias et culpabilisent ainsi le pékin moyen tout en relayant (partiellement bien entendu) lincurie de l'État et du Capitalisme face aux conséquences de la misère quils engendrent sur toute la surface de la planète.
Des repas chauds vont être servis, des stations de métro vont rester ouvertes, des couvertures seront distribuées, des églises (peut-être car les sans-papiers nont pas toujours rencontré cet élan de " générosité ") se feront accueillantes, le temps dun coup de gel
Mais, entendons-nous bien ! Il ne sagit pas ici de solidarité Tout juste sagit-il dune mise en scène annuelle de la bonne conscience judéo-chrétienne, prête à se mettre en marche quand les effets réunis et dévastateurs de la politique daliénation étatique et de lexploitation capitaliste se font sentir avec trop dinsistance et de dureté.
Ne faut-il pas réaffirmer, avec une certaine insistance, que si le froid est rude (et quelques fois même mortel) et si la faim et labsence de confort (doux euphémismes) sont difficiles à supporter, il nen demeure pas moins vrai que les conditions de vie qui sont faites à des femmes et des hommes totalement démunis ne sont pas le fruit du hasard, mais lexacte conséquence de la politique dexploitation et lune des manifestations spectaculaires des inégalités sociétaires.
Même parés des vertus humanitaires, des intentions libérales et des oripeaux démocratiques, les États actuels génèrent et favorisent la misère, lexclusion (et le racisme) pour le plus grand bien des intérêts particuliers des possédants, bien entendu !
Les " S.D.F. " chassés, à lapproche de l'été, des centres des cités touristiques (Perpignan, Nice, La Rochelle pour en signaler quelques-unes gérées par des édiles du centre, de droite ou de gauche), redeviennent, le temps dun frimas, des êtres humains, dignes dun peu dattention (même si daucuns les considèrent comme des sous-hommes, le restant de lannée)
Les anarchistes nont pas de leçon à donner ! Aussi, nous ne nous rangeons pas sous la bannière de la " morale " quand nous nous élevons contre les conditions et contre la violence faites à des hommes par dautres hommes, au nom de systèmes iniques et totalement anti-humains.
Cest un souci éthique qui nous guide quand nous nous révoltons contre la traduction objective de lInjustice sociale. Celle-ci est économiquement, socialement et politiquement pensée, voulue, mise en uvre et entretenue par les nantis et les gens de pouvoir. Elle lest dautant plus facilement que cela se produit dans une certaine indifférence, voire le silence complice dun trop grand nombre de gens.
Il devient urgent de sattaquer aux racines de la misère et aux véritables causes qui produisent cette vie au rabais.
Les logements pour tous, les besoins physiologiques, sociaux et culturels satisfaits dans leur totalité, le partage réel, solidaire et égalitaire des fruits de la gestion et de la production sociétaire, ici (nationalement) et sous toutes les latitudes (internationalement), sont les axes de lutte concrets et immédiats sur lesquels nous vous appelons à vous mobiliser.
Il nen reste pas moins que, la globalisation de ces luttes et leur fédération vers un but unique, lavènement dune société humaine, de justice, égalitaire et solidaire, sont les moyens les plus efficaces et les plus appropriés pour en finir avec le spectacle de la misère quotidienne et pour en finir une fois pour toute avec les systèmes qui sen nourrissent.