Après des temps doccupations est venu un temps étrange mélangeant répressions, harcèlements ainsi que diverses tentatives de désamorcage. Depuis, les cibles choisies par le mouvement de lutte des chômeurs/euses se sont diversifiées en terme doccupations. à Nantes après loccupation la première semaine du C.C.A.S. et des A.S.S.E.D.I.C., des locaux municipaux, des magasins (la F.N.A.C.), des locaux S.N.C.F. (pour la gratuité des transports), la chambre du commerce et de lindustrie ont été occupés. Les autorités sont maintenant obligées par une sur-présence policière de faire garder de façon préventive un grand nombre de bâtiments. Les revendications aussi se diversifient avec des solidarités concrètes pour les sans-papiers ou avec un refus du contrôle administratif en soulignant par exemple le pouvoir exorbitant dun certain nombre de contrôleurs sociaux La répression à l'heure où ces lignes sont écrites na ni arrêté la détermination des chômeurs ni enlevé une certaine popularité au mouvement.
Occuper des lieux où on subissait l'humiliation, ne plus y être pour une demande, ne plus exister que comme un dossier, affirmer sa présence malgré le discrédit officiel, la répression, les promesses, cest exister comme humain dans la lutte et par la lutte. Peut-être que, pour une fois, l'étalage de consommation et de spectacle de la période des fêtes sest transformé en déclic pour la prise de conscience ? à Nantes le mouvement sest déclenché suite à une occupation au départ négociée entre les leaders de A.C ! et la municipalité de gauche. A.C !, tout comme la gauche plurielle, ne se doutait pas que le mouvement puisse prendre une telle ampleur et se retourner en partie contre eux. Lors de la derrière manifestation, " Ayraut-démago " et " P comme pourri S comme socialo " étaient des slogans très repris
Les médias ont un rôle contradictoire dans cette lutte. Aujourd'hui ils relatent le mouvement, ne le laissant pas aux oubliettes de l'histoire, doù une amplification du mouvement. Mais les médias défendent aussi une notion de lutte par procuration : il suffit d'être daccord pour être solidaire, voire en lutte et content !
La première semaine, deux lieux ont été occupés, et pas uniquement pour élargir le front social. La C.G.T. et des libertaires (No pasaran, des militants de la C.N.T. et de la F.A.) ont occupé ou soutenu loccupation des A.S.S.E.D.I.C., suite à un départ du C.C.A.S
Certes les grandes confédérations syndicales et associations de chômeurs montrent des contradictions importantes dans leurs analyses et leurs tactiques. Ce mouvement est révélateur des contradictions dun syndicalisme cogestionnaire. Comment Notat peut-elle gérer des institutions au poids économiques énormes (U.N.E.D.I.C.) sans tenir compte et sans sallier aux choix de la bourgeoisie européenne ? En 1987, dans " C.F.D.T. magazine " on pouvait déjà lire : " Le syndicalisme a conçu des institutions pour gérer le social Il doit mieux prendre conscience de la force que lui confère le fait de gérer près du tiers de la richesse nationale ". Le syndicalisme, au lieu de se construire sur des luttes, dans la construction de rapports de forces et de prises de consciences, a trop souvent cherché à construire sa légitimité par une institutionnalisation et une cogestion du système libéral. Les turpitudes gênées de Notat ou Blondel reflètent ces contradictions.
Certes avec des mouvements comme A.C ! ou la C.G.T., le mythe de lemploi et du recours à l'État est très fort. Certes ces deux mouvements jouent leur représentativité et leurs leaders tentent directement de récupérer une partie du mouvement.
Mais cela pose la question fondamentale de nos modalités dintervention dans les luttes et de notre attitude vis-à-vis du syndicalisme. Si lon veut ou lon dit vouloir défendre les personnes opprimées, exploitées, exclues à un moment ou à un autre , la question du regroupement se pose, quelle que soit la lutte.
Libertaires, nous devons lutter pour l'élargissement du front social :
- Élargir la lutte au-delà des milieux radicaux sans faire croire que cette lutte soit capable de tout résoudre, quelles que soient les prises de positions. Ce constat pose de fait la question de la permanence et de la durée dans le temps de la lutte ; donc de lorganisation.
- Nous associer de manières diverses qui dépendent souvent des réalités locales avec les syndicalistes. Nous devons dans limmédiat nous associer pour contrer les intérêts et les pouvoirs du patronat.
- Provoquer des prises de conscience. Au sein du mouvement syndical et associatif, nous devons montrer que notre but nest pas le compromis. Mais dans la lutte nous devons agir avec nos idées mais aussi avec un souci dunité et un respect des personnes. Nous ne pouvons pas nous auto-proclamer comme une avant-garde déversant sa vérité. à la tactique de lultra-radicalisme qui consiste à faire que, seuls entre radicaux, la révolution pourrait se construire, nous préférons militer avec des militants C.G.T. chômeurs, A.C !, pour résister au capitalisme et dans la lutte discuter, se confronter
Nous devons nous inscrire pleinement dans ce mouvement car il dépasse largement un aménagement simple du salariat avec une réduction du temps de travail : il exprime le ras-le-bol dune politique qui gère la misère.