De tous temps les peuples ont migré, poussés par des climats trop hostiles ou - le plus souvent - par les guerres que se livraient les maîtres et la misère quils répandaient.
Aujourd'hui encore, la plupart des migrants fuient la misère, la guerre, la dictature ou les trois à la fois. Sil y a problème, cest là quil se situe. Ce problème est partie intégrante de la question sociale. Nul ne quitte son pays, son village de gaieté de cur pour aller vivre dans un pays inconnu.
De nombreux articles parus dans le Monde libertaire lont affirmé et démontré : il ny a pas de problème de limmigration, il y a un problème social. Cette réalité, nous la vivons au quotidien, dans nos quartiers, nos familles quand nous nen sommes pas directement victime. Son ampleur est planétaire.
Certaines organisations soutenant les sans-papiers semblent envisager les choses autrement. Jai sous les yeux une série de propositions " pour une législation fondée sur les libertés et les droits fondamentaux. " Rien à dire sur les propositions, elles sont effectivement fondées sur les libertés, etc. Cependant, en préambule de ce texte signé L.D.H., C.I.M.A.D.E., et M.R.A.P., il est écrit : " Nous nignorons pas que la liberté d'établissement aujourd'hui ne peut être absolue. " Autrement dit, nous nignorons pas quil faut bien se résoudre à trier. Faisons-le, mais respectueusement.
Légiférons ! Puisquon admet quil y a un problème à régler en priorité. La priorité des priorités étant la fameuse fracture sociale, ce problème à régler en priorité est donc sûrement une des solutions au chômage, à la misère et doit être un remède à la fracture sociale. Ce problème prioritaire, cest limmigration. Qui la dit ? Jean-Marie.
Considérons que limmigration natténue ni naccentue le problème social, quil nen est pas la (ou une) cause et que Jean-Marie dit des âneries. Décidons que la liberté d'établissement est absolue. à ce niveau, nous nen sommes pas à remettre en cause le document didentité. L'étranger sinstallant demande une carte de résidant, on la lui donne. Cest tout, rien de révolutionnaire là dedans.
Et alors ? Quadviendrait-il de nous ? Serions-nous envahis ? Le sommes-nous déjà ? Avons-nous atteint les limites de nos capacités daccueil ? " Oui ! " clame Jean-Marie. " Il na pas raison mais il na pas tort " souffle la droite. " Il pose les bonnes questions mais apporte les mauvaises réponses " analyse finement Fabius En queue de cortège, la " vraie gauche " propose une législation respectueuse puisque - comme la si bien démontré Jean-Marie - la liberté d'établissement ne peut être absolue.
Alors que la question dans ce domaine est : que faire pour que plus personne sur cette planète ne soit contraint de quitter sa terre pour trouver la liberté, le pain, la paix ? Ne nous laissons pas prendre au jeu de ladversaire.
Bien des collectifs ou individus se sont déjà rendus complices - involontaires - de la constitution dun fichier des étrangers irréguliers en aidant ces derniers à effectuer leurs demandes de régularisation. Ne récidivons pas en acceptant une législation fondée sur le principe que la liberté d'établissement ne peut être absolue. Cessons de subir les discours dune " vraie gauche " en mal de crédibilité ou de strapontins et éternelle roue de secours de la " gauche institutionnelle ".
Ne suivons pas ceux qui nous font croire que nous avancerons par le dialogue et la négociation avec le pouvoir. Les renoncements et compromis de nos centrales syndicales représentatives - réalistes partenaires sociaux - nous prouvent chaque jour quil nen est rien. Dans cette voie, nous naboutirons qu'à un compromis boiteux qui définira les règles selon lesquelles on nous jette à la poubelle du nouvel ordre mondial.
Amie lectrice, ami lecteur, ne me répondez pas, sil vous plaît, que si on régularise tous les sans-papiers et rendons la liberté d'établissement absolue, nous assurons à Le Pen une belle récolte lors des scrutins à venir et que cest ce que cherchent à éviter la gauche et ceux qui soutiennent les sans-papiers.
Ne me dites pas, enfin, quon ne peut " accueillir toute la misère du monde " car, sil est vrai quon ne peut entasser la population mondiale sur un petit territoire, rien ne nous oblige à être acteur ou complice - directement (l'État) ou indirectement (le citoyen-électeur) - du pillage dune partie du monde pour le profit de lautre, en particulier, des nantis, des maîtres qui pillent en toute légalité et sans frontières. Largument du socialiste Rocard nest pas recevable.
Cest le capitalisme qui crée le chômage et la misère, pas les immigrés ! La régression des droits des étrangers préfigure celle des droits de tous. Derrière les sans-papiers, les clandestins, il y a des hommes, des femmes, des enfants. Il y a lavenir, il y a la vie. Dans quel sens irons-nous dans cette lutte ? Subirons-nous ? Accepterons-nous ? Le choix, cest ici et maintenant.