" Voter, cest éliminer " était donc le slogan antifasciste, paraît-il, de certaines affiches placardées à la veille des élections législatives de juin 1997. Or, la révolte actuelle des chômeurs révèle bien lentourloupe qui se cachait derrière ce prétendu acte citoyen. Seule la lutte sociale, autogérée, peut enrayer la misère, terreau propice au développement de la vermine fasciste.
A l'heure où la plupart des observateurs un peu sérieux reconnaissent que cest l'État, en fidèle valet du patronat, qui depuis des décennies organise, planifie et criminalise cette misère sociale, au moment où la majorité plurielle continue ce " courageux chemin ", saluée dailleurs par le patron du C.N.P.F. et par R. Barre, combattre ce gouvernement est non seulement nécessaire mais salutaire. En effet, les faux combats des dirigeants du P.C.F. ou des Verts ne trompent personne. Leurs chaleureux acoquinages électoraux avec le P.S. pour les régionales de mars montrent toute la " valeur " de cette gauche de combat. Quant au chantage sur les risques dun retour dune droite extrême, voire dune déferlante de lextrême droite, cet argument ne tient pas. Les irresponsables, Monsieur le ministre des flics, ce ne sont pas les " anarchisants " mais vous et vos amis de la majorité qui tentez de briser aujourd'hui avec vos matraques, votre mépris, vos jeux politiciens, la dynamique émancipatrice enclenchée par le mouvement des chômeurs. Quand les dégâts de votre gestion capitaliste engendreront de nouvelles colères, cest vous qui, au nom du réalisme, aurez cassé les derniers obstacles possibles à un mouvement autoritaire et fascisant. Plus que jamais, une volonté d'égalité sociale et économique est apparue ces jours-ci. Les anarchistes actifs dans ce mouvement ne peuvent que se réjouir. Cependant, au-delà dune agitation parfois nécessaire, leur tâche est de sinscrire davantage dans le tissu social et d'être en capacité doffrir un projet global, basé sur les besoins sociaux et capable de rassembler toutes les forces anti-étatiques et anticapitalistes au-delà deux-mêmes. L'état des lieux prouve que la structuration dun mouvement social pouvant se percevoir hors du champ de la représentation politicienne nest pas une si vaine perspective.