Wim Wenders avait présenté son film à Cannes, en compétition, mais après laccueil mitigé de la critique et du public, il avait décidé de remonter son film. Cest la deuxième fois quil prend une telle décision. La première fois, il avait complètement refondu son montage de " Nicks Movie ", un film consacré à lami Nicolas Ray, un des grands cinéastes maudits d'Hollywood, pour qui ce film était une dernière occasion de rendre compte de sa vie de cinéaste et de nous livrer aussi le journal douloureux dun homme acculé à la mort, car rongé par la maladie. " End of violence " est à la fois un rêve fou - qui renvoie à bien dautres films de Wim Wenders, creuser les zones noires de l'humain, finir par savoir pourquoi il y a tant de violence dans le monde, dans le cur et le corps des hommes - et puis, comme de bien entendu, une enquête policière sur la disparition dun homme dont la mort violente avait été programmée. Au milieu de ces considérations hautement philosophiques ou bassement policières et politicardes se trouve un homme quasiment dans les étoiles, il est installé dans un observatoire, pour surveiller la ville de Los Angeles de nuit et de jour Cest lui, en premier, qui découvre une drôle dimage. Elle va mettre en marche la mécanique et enclencher le déroulement des histoires qui senchevêtrent, se rencontrent, se fuient et se heurtent dans ce film.
Vous aurez compris : ce nest pas la simplicité qui caractérise " La Fin de la Violence ". Le sujet nous renvoie donc incontestablement à toutes les déclarations de Wim Wenders, à sa foi d'homme en des images qui changeraient et le regard du spectateur et les images du monde, et pourquoi pas le monde.
Mais ce nest pas un film intellectuel. Un film daction, où il y a des poursuites, des gangsters, des gadgets électroniques, de superbes images, des stars : Andie MacDowell, Gabriel Byrne, Bill Pullman et beaucoup dautres. Toutes les catégories dimages sont intégrées au film et ont leur importance. La petite blague de lextraterrestre qui regarde les images sur les T.V. des humains et sesclaffe " mais qui interrompt sans arrêt mon film ? " correspondrait assez bien aux réactions possibles du spectateur dérouté par tant de virtuosité. Happy end garanti, lavenir appartient aux damnés de la terre !
Heike Hurst - émission Fondu au Noir (Radio libertaire)