Pour la venue de Bruno Mégret à Rennes le 24 janvier, plus de 5 000 personnes se sont mobilisées pour dénoncer et refuser la montée du fascisme. En Bretagne, cette mobilisation est primordiale car le Front national y fait des scores électoraux peu élevés, mais il montre une volonté farouche de sy implanter en multipliant les interventions publiques et en braillant encore et encore sa haine de l'étranger.
De la gauche à lextrême gauche en passant par leurs associations satellites du style S.O.S.-racisme et les syndicats, tous ont appelé à descendre dans la rue (même le M.R.G.), en tentant d'écarter les anarchistes de lorganisation de la manifestation. Sans doute les trouvent-ils trop présents sur le terrain en ce moment, notamment autour du mouvement des chômeurs et précaires.
Pourtant, à part S.O.S.-racisme qui a mobilisé beaucoup de lycéens, la plupart de ces partis politiques, P.S. et Verts en tête, brillaient par leur absence dans la rue.
Le cortège se caractérisait par son esprit joyeux et festif, mais aussi ferme et déterminé ; en tous cas sans agressivité ni volonté de violence. Pourtant tout a dégénéré dès que la tête de la manifestation sest heurtée au cordon de C.R.S. qui barrait laccès au meeting du F.N. (qui soit dit en passant na rassemblé que 80 notables locaux). Un commissaire de police ceint dune écharpe tricolore a ostensiblement provoqué les manifestants et ordonné la charge des C.R.S. Tout sest alors passé très vite, la manifestation sest retrouvée noyée sous un déluge de lacrymos et la police a procédé au " nettoyage " de la place en arrêtant au passage cinq ou six jeunes.
Loin de désarmer, les manifestants se sont regroupés et ont continué à dénoncer le F.N. et la police complice, ainsi qu'à manifester dans les rues de Rennes avec la même volonté et tout autant dentrain. Quelques heures plus tard, la manifestation sest terminée par un rassemblement devant l'hôtel de police pour exiger la libération des manifestants arrêtés. Ceux-ci ont été jugés en saisine directe dès le lundi suivant et condamnés à des peines avec sursis.
Le bilan de cette manifestation est largement positif, dune part du fait de la mobilisation de la population et aussi dautre part par le comportement des manifestants, qui nont pas cédé aux provocations de la police. Il ny a pas eu de casse en ville au grand désappointement de la presse et autres médias.
Les anarchistes, en dehors de leur capacité à mobiliser sur ce terrain (S.C.A.L.P., Ras l'Front, F.A., C.N.T. ont pris la tête de la manif) peuvent faire deux constatations. Dabord, comme prévu, la gauche et les Verts sont dans lincapacité de mobiliser quelque force que ce soit pour faire face au F.N. et la population rennaise la bien compris. Ensuite, nous assistons à cette logique policière qui veut absolument transformer les manifestants en délinquants en leur attribuant une violence qui nest du fait que de la police elle-même. On peut assister à ce même phénomène lors des évacuations brutales des chômeurs et des précaires occupant les AS.S.E.D.I.C. et autres lieux.