Le 4 janvier 1996, un panneau est découvert par la direction dAuchan-Le Havre, dans le hall de la galerie marchande, rédigé en ses termes : " Monsieur le directeur dAuchan, respectez déjà les articles du code du travail et de la sécurité (ex : amiante dans le magasin). Un électricien de Forlumen décédé cet été ; un silo de 35 tonnes de ciment enfonçant le côté du magasin ; non-respect du sommeil des habitants aux alentours (travaux de nuit) ; aucun balisage ni sécurité assurés sur le parking avec vos travaux. Pour le code du travail, vous êtes déjà dans le rouge. Respectez votre personnel même sils sont C.G.T. Les horaires sont bafoués ! "
Le cauchemar va commencer pour Ghislaine L., car soupçonnée d'être lauteur de ce panneau, elle est convoquée pour interrogatoire par la direction, au terme duquel elle est mise à pied car elle refuse bien entendu de signer de pseudos-aveux déjà rédigés par avance ! En état de choc, un arrêt de travail lui est nécessaire pour encaisser le traumatisme. Mais la direction ne lâche pas prise et le 13 mars 1997, elle est convoquée pour un entretien relatif à une décision de licenciement envisagée (sic !). Outre deux avertissements au mois de janvier, cest évidemment la pose du panneau qui lui était reprochée, la certitude de sa culpabilité leur étant confirmée par deux experts graphologues ! Histoire denfoncer le clou, et pour assurer ses arrières, la direction trouva même quatre " collègues " acceptant de confirmer par écrit, en vue dune production en justice qui, elle sen doutait, nallait pas tarder à venir, que Ghislaine dénigrait lentreprise Bien que proclamant son innocence, le 10 avril 1996, elle reçoit sa lettre de licenciement.
Comme on sen doutait, le véritable auteur du panneau est retrouvé, et il accepte de bon cur de déposer en faveur de Ghislaine aux Prud'hommes, en mai et juin 1997 (cest fou comme la justice est lente quand il sagit de réparer les torts faits aux salariés ). Bernard Q., " l'écrivain public ", était un riverain gêné par le bruit des travaux dagrandissement dAuchan, et il en avait profité pour dénoncer aussi le non-respect des clients et du personnel. Bien entendu, la direction dAuchan essaiera de jeter la suspicion sur ce témoignage, mais curieusement elle ne pourra expliquer pourquoi on ne retrouve aucune trace de la vidéo-surveillance de lentrée de la galerie ce fameux jour du panneau Quant à lexpert (un vrai) présenté par Ghislaine, il trouvera scandaleuse la conclusion de " lexpertise " dAuchan. Le résultat des courses : le 30 décembre 1997, la demande dindemnisation de Ghislaine est acceptée par les Prud'hommes, et lexécution provisoire du jugement est ordonnée, Auchan est condamné à payer 300 000 F à titre de dommages et intérêts pour licenciement sans cause réelle et sérieuse, et 5 925 F dindemnités diverses. Par contre, Ghislaine est déboutée de sa demande de réintégration Ce qui montre par là-même les limites de ce type daction contre le patronat, mais ces choses étant dites, dautres dossiers Auchan de cette nature sont en cours de jugement ou vont passer en appel, et notre solidarité de travailleurs libertaires ne doit pas manquer de se manifester ! La guerre dusure menée par la direction dAuchan na pas eu raison de la combativité de certains licenciés, et cette décision des Prud'hommes doit être vécue comme un encouragement pour tous ceux qui osent encore lever la tête, bien décidés à faire payer Auchan, et cher !
(Article rédigé grâce aux informations transmises par le groupe libertaire Jules Durand du Havre.)
Pour contacter lassociation de défense des licenciés dAuchan : A.P.L.H., 2, rue du Bourbonnais, 76290 Montivilliers