Le 22 Mars 1997, Bruno Mégret venait haranguer ses édiles à Saint-Etienne. Environ 10 000 personnes sétaient mobilisées contre sa venue, à lappel du Collectif contre les lois racistes et xénophobes, ainsi que de diverses associations et partis politiques (P.C., P.S., etc.).
Presque un an après, le samedi 28 février 1998, voilà Mégret qui récidive. Cette fois, environ 4 000 personnes sont descendues dans la rue pour protester.
On pourrait sétonner du peu de mobilisation de cette deuxième manifestation, mais ce serait oublier que la protestation de lannée dernière avait été provoquée par les lois scélérates Pasqua-Debré et lappel à la désobéissance civique lancé par les cinéastes. Le mois de mars 1997 était donc marqué par une effervescence toute particulière. Depuis, il y a aussi eu un changement de gouvernement.
Cette année, en revanche, les sans-papiers sont tombés dans loubli. De plus, les élections régionales et cantonales étant toutes proches (15 et 22 mars), les partis politiques nont pas trop mobilisé, de peur de perdre des électeurs potentiels sur le thème de la sécurité.
Il est regrettable, mais somme toute pas étonnant, que lindignation ait besoin dun « climat » et que la gauche sen serve à outrance ou, au contraire, avec parcimonie, selon le contexte électoral. Ceci étant dit, cette manifestation fut une réussite pour les libertaires. En effet, la Fédération anarchiste et la C.N.T. avaient décidé de former un cortège unitaire et de se dissocier du collectif antifasciste, qui avait pourtant lancé lappel à manifestation, et qui regroupe le P.S., le P.C., les Verts, Ras Lfront, entre autres, ainsi que des associations religieuses en tous genres.
Nous ne pouvions nous acoquiner avec des gens que nous ne cessons de combattre. Sous les drapeaux noirs ou noirs et rouges, se pressaient un millier de personnes sur les 4 000 de la manifestation, ce qui est énorme pour Saint-Etienne.
Il ressort de cela que les individus sont de plus en plus sensibles à nos idées et désirent lutter aux côtés des anarchistes, phénomène que nous observons quotidiennement dans notre librairie-bibliothèque « La Mauvaise Graine ». Signalons dailleurs que nous organisions le lendemain une table ronde sur le thème « fascisme et antifascisme » qui a réuni une vingtaine de personnes.