Ce nest pas un joli conte de fées que je tiens à raconter ici. Mais je pense que toute personne qui se réclame de sang rouge et desprit libre doit savoir ce qui se trame dans notre dos.
En date du 7 janvier, dans une petite banlieue de la région parisienne, Gustave Kokou, étudiant dorigine togolaise, ne sait pas encore quil est en train de vivre les derniers moments de son existence. Gustave est inscrit à luniversité Paris I - Panthéon Sorbonne, à lU.F.R. de Tolbiac. Il est connu par tous comme un pacifiste convaincu, grand amateur de philosophie bouddhiste, et il est très apprécié de son entourage.
Gustave rencontre une des connaissances, David, qui est lui nettement moins sage. Cest un petit délinquant, qui a fait pas mal de coups fourrés, et qui sait jouer de la lame. Mais il sentend bien avec Gustave et lui propose de le ramener en voiture jusqu'à lU.F.R. de Tolbiac. Seulement, David doit auparavant déposer sa petite amie chez elle.
La belle-famille de David ne lui est pas inconnue. Le frère de sa bien-aimée, Antoine B., est un militant F.N. notoire, dont le père, après s'être illustré dans lagression verbale de familles magréhbines résidant dans la commune, est le jour des faits en séjour dans un établissement pour soins psychatriques. Antoine et David se connaissent pour s'être opposés lun à lautre lors de bastons qui ont mal tourné dans le coin. Ce jour-là, Antoine aperçoit David raccompagnant sa sur. Très vite le ton monte.
À un moment précis, lagaçement dAntoine est à son comble. Il monte dans sa chambre où trône un superbe drapeau nazi, se saisit dune arme à feu, et redescend régler ses comptes avec David.
Gustave est alors aux côtés de David. Ils prennent chacun une balle au niveau du thorax. Gustave et David s'écroulent. Alors Antoine sapproche et les achève lun après lautre, à bout portant, en visant la tête
La première personne quAntoine aurait contacté après avoir réalisé son acte, ce nest ni un parent, ni les autorités mais le directeur F.N. local. Ses premiers mots auraient été : « Jai fait une boulette »
Cette dérisoire et stupide expression dAntoine, « boulette », narrive pas à faire réellement sourire. Je ne pense pas que cette humour soit du goût de la famille et des amis de Gustave.
Cela sest passé le 7 janvier 1998. Pourtant aucun journal ne dévoile laffaire. Seul un article du Canard enchaîné rompt enfin le silence, dans la troisième semaine de février.
Pourquoi tant de silence ? Pour cause d'élections imminentes ? Pourquoi nous cacher une vérité qui nous montre des réactions d'hostilités rivalisant en gravité avec les guerres de gangs aux états-Unis à quelques kilomètres de Paris ? Comme Gustave, combien dautres Rodney King meurent tous les ans sous les balles des partisans de Le Pen et Mégret sans que nous nen sachions rien ?