51 milliards de francs, voilà la somme qui devrait être allouée, sur trois ans, pour la mise en uvre de la « loi contre lexclusion » présentée par la très charitable madame Aubry. Des aides concernant le surendettement des ménages aux problèmes de couverture sociale, ce plan tape tous azimuts mais, bien évidemment, sans apporter aucune solution de fond à la question sociale en suspend !
Une élégante et démagogique manière de brouiller et de désamorcer les revendications du mouvement des chômeurs qui exigeait clairement, entre autres choses, la revalorisation des minima sociaux et une refonte du système dindemnisation du chômage. Mais pour M. Jospin et Mme Aubry, comme pour tous les gens de pouvoir, toucher aux profits et aller à lencontre des intérêts du patronat, sapparenterait à un crime de lèse-majesté. De toute façon leur rôle politique est clairement défini : sil sont au pouvoir, cest pour gérer, pas pour changer les règles du jeu !
Depuis quelques longues années, la méthode reste la même : surfer sur de généreux sentiments de type humanitaires et caritatifs, capitaliser les espoirs populaires et se référer aux grandes valeurs de la République pour, au bout du compte, appliquer la rigueur et accompagner les restructurations « imposées » par le capitalisme.
Faire du « social », « agir contre lexclusion » est une vaste fumisterie. Quand allons-nous en finir avec ce consensus mou, qui va de la gauche caviar à la nouvelle gauche rouge-verte, et qui se borne à vouloir gérer les conséquences dun système totalement injustifiable tout en faisant mine duvrer pour plus de justice sociale ?
Au nom du « cest mieux que rien », chacun y va de son couplet pour tenter de légitimer les mesures de gestion de la misère. Les Travaux dutilité collective en 1984, cétait déjà au nom du « cest mieux que rien » ; la mise en place du R.M.I. fut orchestrée sur la même musique. Lorsque furent créés les C.E.S. (Contrat emploi-solidarité) on trouva encore des personnes pour nous dire : ne critiquez pas, soyez positifs, les C.E.S. permettent de cotiser aux A.S.S.E.D.I.C. et pour la retraite alors que ce nétait pas le cas des T.U.C. Quelle belle avancée vers un monde meilleur ! Au nom dune telle logique, certains peuvent donc, semble-t-il justifier toutes les reculades sociales.