Il est recensé deux millions et demi de femmes se déclarant " au foyer ". Bon nombre de discours politiques, religieux voire syndicaux nous ressassent les mêmes refrains. Les femmes auraient pleinement choisi cette situation, car leur place ne se doit-elle pas d'être auprès des enfants, à attendre le retour de travail du mari, en préparant des bons petits plats et en repassant les chemises !?
Or toutes les femmes nont pas choisi de rester à la maison. Certaines, découragées par le manque demploi auquel elles pourraient postuler, lassées par le chômage de longue durée, sans qualification, ou écurées par les bas salaires qui leur sont réservés, arrêtent de rechercher du travail et se retrouvent dans la catégorie " femmes au foyer ".
Une enquête du ministère de lEmploi et de la Solidarité démontre que " six femmes au foyer sur dix aimeraient travailler ", cest-à-dire être rémunérées pour un travail extérieur au domicile. Seulement 25 % dentre elles motivent leur inactivité par le mariage, la maternité ou les enfants, et sen trouvent satisfaites. 20 % ont dû renoncer à une vie professionnelle suite à un déménagement ou à cause de la profession de leur conjoint, 12,5 % sont contraintes de rester au foyer pour des raisons de santé. Pour 12,5 % dautres femmes, cest à cause du chômage. Lenquête révèle que même parmi les femmes qui volontairement restent au foyer, 46 % souhaiteraient travailler.
En fait, nest-on pas fondé à penser que " le désir de travailler résulte avant tout de lenvie davoir une place dans la société " ? Voilà des chiffres qui démontrent que les discours les plus rétrogrades, traditionalistes et sexistes nont que peu de prise sur les femmes quant à leur envie d'être autonomes et inscrites socialement, même si pour une partie dentre elles, momentanément ou plus durablement, leur univers social reste étriqué.